Crise syrienne - Enfin!

Peut-on se fier à un "Rapport de l'ONU"?... Se réjouir trop vite est signe de naïveté ou de complicité!



Au terme d'entrevues menées auprès de 400 Syriens, d'observations de photos et vidéos ayant capté sur le vif la forte propension de l'armée et autres forces de sécurité à la boucherie, les Nations unies ont décrété, sans jamais les identifier, que les dirigeants syriens ont posé des gestes constituant des crimes contre l'humanité. Enfin! Lors de la conférence des amis de la Syrie tenue à Tunis, une panoplie de mesures, dont des sanctions, ont été arrêtées. Enfin! La Croix-Rouge internationale a pénétré la ville martyre d'Homs, d'où elle négocie l'évacuation de blessés. Détaillons.
Dans son rapport sur la situation qui prévaut en Syrie, les auteurs assurent que le pays est au bord de la guerre civile. Un conflit qui serait d'autant plus sanglant que le pays présente des lignes de fracture collant aux confessions religieuses, qu'il est divisé par l'architecture clanique et qu'il suscite la convoitise de nations voisines tenaillées par des ambitions géopolitiques. On pense surtout à l'Iran, à la Turquie et, dans une moindre mesure, à l'Irak. En un mot, la guerre civile est à l'horizon à brève, très brève, échéance.
À Tunis, les délégations de 60 pays ont fait un grand pas en avant, c'est le cas de le dire. Comme souvent dans ce type de dossiers, le gel des avoirs de la Banque centrale syrienne, assorti de l'interdiction de voyager des dirigeants ainsi que du boycottage du pétrole, est désormais à l'ordre du jour. Mieux, lors des discussions poursuivies en l'absence de la Russie et de la Chine qui soutiennent encore et toujours ce régime tortionnaire, les participants ont envisagé la création d'une force de paix comprenant un contingent de nations membres de la Ligue arabe, qui interviendra si l'ONU lui accorde son aval.
En greffant les sanctions à une éventuelle intervention d'une force de paix, les amis de la Syrie tablent sur une modification de la position adoptée par Moscou et Pékin. Dans ces capitales où les drames vécus par la majorité des Syriens sont considérés comme des problèmes secondaires, d'une importance toute relative, on jongle d'abord et avant tout avec ses intérêts particuliers. À Moscou, par exemple, on parie sur le maintien d'un régime qui a toujours eu le don de susciter, entre autres choses, l'aigreur de l'Arabie saoudite, alliée des... États-Unis.
Cela étant, pour la première fois depuis le début du conflit en mars 2011, le Comité national syrien a été officiellement reconnu, lors du sommet de Tunis, comme un interlocuteur crédible par les 60 pays. Crédible, mais pas unique. En effet, il se trouve que l'opposition syrienne est extrêmement divisée. À l'image du profil sociopolitique de la Syrie, cette opposition est fragmentée entre courants religieux, chiites, sunnites et chrétiens, entre clans, entre tribus. Sur ce flanc, un énorme travail, ne serait-ce que d'harmonisation, reste à faire, si on veut éviter une dérive à la libyenne. Chose certaine, si on laisse de côté tous les efforts propres à forger une certaine solidarité, alors la Syrie aura tôt fait de sombrer dans la guerre civile et religieuse.


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