Après plus de deux semaines de conflit et sa cohorte de morts, voilà que le gouvernement israélien est partagé entre des ministres voulant observer une trêve et un premier ministre allié aux militaires qui entendent poursuivre. Et ce, au risque de fragiliser davantage l'Égypte ainsi que la Jordanie tout en favorisant une radicalisation du Hamas.
Malgré un usage soutenu d'avions, de tanks et autres, l'armée israélienne n'est pas parvenue à entamer la capacité d'action du Hamas. Certes, celle-ci a été quelque peu gommée, mais pas autant que prévu, ainsi qu'en témoigne notamment le fait suivant: la quasi-totalité des leaders politiques et militaires du Hamas présents à Gaza sont toujours libres de leurs mouvements. Ajoutons à ce fait un rappel: la haute direction est basée à Damas en Syrie. À Damas, si loin de Gaza, si commode pour l'Iran.
Alors que s'amorce une autre semaine de feu et de sang, le seul responsable côté israélien qui peut trouver matière à satisfaction s'appelle Éhoud Barack, ministre de la Défense, qui, à un mois des élections législatives, a vu sa popularité grimper en flèche. Pour le reste, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'offensive commandée s'est traduite par une série de revers politiques pour Israël.
Commençons par l'Égypte et la Jordanie, soit les seules nations de la région à avoir signé un traité de paix avec Israël. Et alors? Les gouvernements de ces pays sont anxieux, très inquiets, car ils craignent que la solution envisagée pour clore un conflit qui perdure depuis soixante ans, à savoir deux États indépendants, ne vole en éclats dans les mois qui viennent tellement «la rue arabe» est en colère contre Israël, mais aussi contre eux, les Hosni Moubarak d'Égypte et le roi Hussein de Jordanie.
Autant l'étoile de ces derniers a pâli, autant le Hamas, l'Iran, la Syrie et le Hezbollah ont gagné en prestige, en crédibilité auprès des populations arabes. Or ce quartette, c'est à retenir, est toujours opposé à une issue diplomatique telle qu'elle est définie et balisée dans la feuille de route. Et il s'y opposera tant et aussi longtemps qu'il sera tenu à l'écart des pourparlers.
Autre victime, et non des moindres, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Dans son cas, c'est tout simple, son influence au sein de l'univers palestinien s'est passablement réduite au cours des quinze derniers jours. D'autant qu'il a usé d'un subterfuge juridique pour se maintenir en poste après le 9 janvier, date à laquelle se terminait son mandat de président. Toujours est-il qu'en Cisjordanie, son royaume si l'on peut dire, les derniers affrontements entre partisans du Fatah et du Hamas ont été plus sanglants qu'antérieurement. Bref, là aussi, la division règne.
Toutes ces réalités politiques, ces variables géopolitiques considérées permettent d'ores et déjà de remettre en question l'objectif poursuivi par Israël et les moyens choisis pour y parvenir. À l'évidence, ce n'est pas demain la veille que le but consistant à éradiquer le Hamas sera atteint. Surtout, ce n'est pas demain la veille que l'Iran va laisser en jachère le capital de sympathie acquis lors de la guerre au Liban en 2006 et ces jours-ci. Qu'on se le dise, l'Iran a détrôné l'Égypte comme puissance politique de la région.
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