Au lendemain de la scandaleuse condamnation de trois jeunes identitaires à six mois de prison ferme et 75 000 euros d’amendes pour avoir conduit une action de défense de la souveraineté des frontières françaises dans les Hautes Alpes, l’émoi ne retombe pas. Entretien avec Jean-Yves Le Gallou sur cette actualité brûlante et sur le rôle de la justice dans ce verdict inique.
Polémia
Polémia : La condamnation des militants identitaires a déclenché une tempête de protestation sur les réseaux sociaux. Certains internautes sont allés jusqu’à souhaiter une épuration du corps judiciaire. Qu’en pensez-vous ?
Jean-Yves Le Gallou : Pour aussi choquante qu’elle puisse paraître, la question n’en est pas moins légitime. D’abord au regard de la démocratie.
Aujourd’hui, le corps judiciaire rend des décisions idéologico-politiques profondément contraires à l’idéal de liberté et à la volonté populaire :
- En appliquant avec beaucoup de zèle des lois liberticides : poursuites, voire condamnations, pour de simples délits d’opinion de Menard, Camus, Zemmour et tant d’autres. Des lois pénales liberticides qui ne sont pas appliquées de manière restrictive mais au contraire de manière extensive.
- En montrant une extrême indulgence pour les étrangers clandestins, leurs passeurs et leurs complices (affaire Herrou notamment).
- En prononçant de sévères peines de prison pour des délits politiques, comme on l’a vu hier pour les Gilets Jaunes, aujourd’hui pour les Identitaires, et sans doute demain pour la Manif pour tous.
- En étant d’une grande mansuétude avec beaucoup de délinquants immigrés et en refusant toute forme de légitime défense.
- En faisant instruire exclusivement à charge beaucoup d’affaires politiques (Sarkozy, Guéant, Marine Le Pen, Melenchon) par des juges militants (Buresi, Tournaire et tant d’autres).
De plus en plus de Français ont le sentiment que la « justice » n’est plus rendue en leur nom mais au nom de préjugés idéologiques et politiques et de lobbys étrangers. La «justice » est en train de perdre sa légitimité démocratique. C’est grave !
Polémia : Mais n’est-il pas encore plus grave de parler d’épuration ?
Jean-Yves Le Gallou : Regardons l’histoire ! La magistrature actuelle – administrative et judiciaire – est la fille de quatre épurations.
Polémia : Vous pensez à Vichy, à 1940
Jean-Yves Le Gallou : Pas seulement ! Il y eut, de fait, peu d’épuration judiciaire sous Vichy puisque la quasi-totalité des magistrats prêta, sans problème, serment de fidélité au maréchal Pétain… Des magistrats dont beaucoup furent d’ailleurs de zélés épurateurs des collaborateurs… en 1945.
La nature humaine est ce qu’elle est… Et l’appât des postes et des décorations est un puissant facteur de soumission.
Polémia : Il y eut d’autres épurations, plus « républicaines » alors?
Jean-Yves Le Gallou : Au XIXe siècle d’abord. Pas lors des bouleversements de 1830, 1848, 1852 et 1870 où le corps judiciaire fut respecté par les nouveaux pouvoirs. Mais en 1883, pour conforter la République. L’épuration de la Magistrature donna lieu à des discours d’une rare violence de la part des députés républicains et déboucha sur une mise au pas brutale : 614 magistrats inamovibles furent mis à la retraite d’office ! Les « valeurs républicaines » n’ont pas été imposées par des bisounours…
Polémia : Et ensuite ?
Jean-Yves Le Gallou : Il y eut évidemment une épuration du corps judiciaire en 1945. 20 % des magistrats durent justifier leurs décisions et la moitié, soit 266, furent suspendus et la plupart révoqués.
Polémia : Rebelote avec la guerre d’Algérie?
Jean-Yves Le Gallou : On ne peut pas vraiment parler d’épuration mais il y eut de sacrés remous au Conseil d’Etat et dans la haute magistrature judiciaire.
Polémia : Et aujourd’hui ?
Jean-Yves Le Gallou : C’est plus subtil. Il n’y a pas de remise en cause de l’inamovibilité des magistrats. Mais des interdits professionnels relatifs.
Je m’explique : un magistrat judiciaire ou administratif immigrationniste peut intervenir et militer dans une association immigrationniste et continuer à rendre des jugements y compris sur ces sujets-là.
Un magistrat moins politiquement correct doit absolument se taire et être très prudent dans ses jugements. Sinon les médias et les syndicats d’avocats et de magistrats lui tomberont dessus comme on l’a vu dans l’affaire du juge Lagarde.
C’est ce qui explique le deux poids, deux mesures des décisions judiciaires. Les magistrats politiquement corrects plastronnent, les conformistes les suivent, les autres rasent les murs…
Polémia : La situation est-elle désespérée ?
Jean-Yves Le Gallou : Non ! Les magistrats tiennent compte d’un triple rapport de forces : le pouvoir médiatique, le pouvoir politique et le pouvoir corporatif.
Ces pouvoirs-là peuvent changer comme on le voit en Pologne et en Hongrie. Et en Italie, si Matteo Salvini a besoin de pouvoirs élargis, c’est bien pour pouvoir briser la dictature des juges sur l’immigration.
Polémia : Une conclusion ?
Jean-Yves Le Gallou : Aujourd’hui, en France, il ne faut utiliser le mot « justice » qu’avec des guillemets.
Et ne pas se laisser enfariner par le mot « État de droit » qui n’est que le masque de la dictature idéologique de juges politiquement corrects à la remorque des médias de grand chemin.
Entretien avec Jean-Yves Le Gallou
30/08/2019