« Nous allons mettre en œuvre le Brexit le 31 octobre », la date butoir fixée après deux reports, a-t-il déclaré à la tribune d’où les résultats ont été annoncés.
Pendant sa campagne, Boris Johnson a déjà souligné qu’il voulait que ce divorce historique ait lieu coûte que coûte à cette échéance — quitte à sortir sans accord avec l’UE, un scénario redouté par les milieux économiques.
L’ex-maire de Londres et ex-ministre des Affaires étrangères, qui était opposé à l’actuel chef de la diplomatie Jeremy Hunt, a remporté 66 % des voix des quelque 159.000 membres du parti qui se sont exprimés.
Il devient donc chef des Tories et prendra officiellement ses fonctions mercredi après-midi après une visite à la reine Elizabeth II.
Premier grand dirigeant international à réagir, le président américain Donald Trump lui a adressé ses « félicitations ». « Il sera formidable », a tweeté le milliardaire, qui estimait encore la semaine dernière que « BoJo », comme il est surnommé, ferait un « excellent travail » au 10, Downing Street.
Félicitations aussi de la Commission européenne et de Paris, où le président Emmanuel Macron s’est dit « désireux de travailler » avec lui et la prochaine présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, a évoqué des « défis à venir ».
Victoire d’un ambitieuxLa victoire de Boris Johnson marque l’arrivée au pouvoir des Brexiters, certains d’entre eux n’ayant jamais digéré que Theresa May, favorable au maintien dans l’UE pendant la campagne pour le référendum du 23 juin 2016, soit retenue pour conduire le pays hors du club européen.
C’est aussi un succès personnel pour le député conservateur de 55 ans, dont les nombreuses gaffes, excès et autres déclarations intempestives ces trente dernières années ont parfois semblé menacer les rêves de grandeur qu’il cultive depuis toujours.
Le défi qui l’attend est de taille, sans équivalent pour un dirigeant britannique depuis la Seconde Guerre mondiale : mettre en œuvre le Brexit sans exacerber les profondes divisions sur la question, devenue le centre de gravité de la société britannique.
Une mission sur laquelle Theresa May s’est cassé les dents, échouant à trois reprises à faire accepter aux députés l’accord de sortie qu’elle avait conclu en novembre avec Bruxelles, ce qui l’a poussée à la démission.
S’il n’exclut pas un « no deal », Boris Johnson a également affirmé qu’il préférait décrocher un nouveau traité de retrait tout en admettant que cela semble presque impossible à réaliser dans les temps, compte tenu des vacances parlementaires et de la mise en place de nouvelles équipes dirigeantes, à Londres comme à Bruxelles.
Boris Johnson devra aussi convaincre l’UE de rouvrir les négociations, ce qu’elle a exclu jusqu’à présent. Le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, a répété mardi que Bruxelles était prêt à « retravailler la déclaration sur le nouveau partenariat » qui accompagne l’accord de retrait tout court.
La volonté du futur Premier ministre britannique de quitter l’UE à n’importe quel prix hérisse ceux, y compris dans son propre camp, qui souhaitent le maintien de liens étroits avec le continent, et qui redoutent les conséquences économiques d’un « no deal ».
Le ministre des Finances Philip Hammond a ainsi prévenu qu’il ferait « tout » pour empêcher ce scénario, ne semblant pas exclure de contribuer à faire tomber le futur gouvernement de Boris Johnson.
À l’instar de plusieurs autres ministres, le chancelier de l’Échiquier a indiqué qu’il mettrait un point d’honneur à démissionner avant même la fin officielle du gouvernement de Theresa May, laissant augurer des difficultés à venir pour Boris Johnson.
Quant aux milieux d’affaires, ils l’ont poliment félicité avant de réclamer qu’il fasse tout pour éviter un « no deal ».
Félicitations iraniennes Le mouvement People’s Vote, qui milite pour un nouveau référendum, a estimé que Boris Johnson n’avait pas de « mandat » pour mettre en œuvre un divorce sans accord, en soulignant qu’il n’avait été choisi que par les membres du Parti conservateur, soit « 0,25 % de la population ».
Mercredi, Theresa May répondra à une ultime session de questions au Parlement avant de se rendre à Buckingham Palace où elle remettra sa démission à la reine Elizabeth II en début d’après-midi.
Boris Johnson devrait prendre la parole quelques heures plus tard après avoir été lui aussi reçu par la souveraine, qui lui confiera la responsabilité de former le gouvernement.
Selon la presse britannique, il pourrait annoncer, dès mercredi ou dans les jours qui viennent, une visite à Paris, Berlin, Dublin ou Bruxelles, pour mettre sur les rails sa stratégie sur le Brexit.
Washington est également cité, Londres espérant signer avec son allié américain un ambitieux accord de libre-échange.
Boris Johnson aura d’ici là un autre défi urgent à gérer : l’escalade des tensions avec Téhéran, au plus haut après l’arraisonnement vendredi par l’Iran d’un pétrolier battant pavillon britannique dans le détroit d’Ormuz.
« Je félicite mon ancien homologue [Boris Johnson] », a déclaré sur Twitter le ministre des Affaires étrangères iranien Mohamad Javad Zarif, tout en prévenant : « Nous avons 1500 miles de côte sur le golfe Persique. Ce sont nos eaux et nous les protégerons ».