Un cocktail Molotov a été lancé jeudi matin dans l'enceinte de la villa d'Aung San Suu Kyi à Rangoun, où elle a vécu des années en résidence surveillée, a annoncé un porte-parole du gouvernement.
«Il s'agissait d'un cocktail Molotov», a indiqué à l'AFP Zaw Htay, le porte-parole du gouvernement, précisant que la dirigeante birmane n'était pas chez elle à ce moment-là. Personne n'a été blessé et l'engin n'a provoqué que des dégâts matériels mineurs, a-t-il précisé.
Celle qui est prix Nobel de la paix se trouvait jeudi dans la capitale birmane, Naypyidaw, où elle vit la plupart du temps. Elle doit y prononcer un discours pour fêter les deux années au pouvoir de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD).
Après avoir été cantonnée à la dissidence pendant près de trente ans dont 15 années en résidence surveillée, Aung San Suu Kyi a pris en avril 2016 la tête du gouvernement birman après un raz-de-marée électoral.
Si elle reste une icône dans son pays après bientôt deux années aux commandes, elle est aujourd'hui très décriée sur la scène internationale pour sa gestion de la crise des Rohingyas.
Près de 690 000 musulmans rohingyas vivant dans l'ouest du pays se sont réfugiés au Bangladesh voisin depuis fin août pour fuir une opération de l'armée birmane, qualifiée de campagne d'"épuration ethnique" par les Nations unies.
Elle est pointée du doigt pour son peu de compassion affichée pour les réfugiés et pour son silence sur le rôle de l'armée, avec laquelle elle doit composer sur le plan politique.
La semaine dernière, le diplomate américain Bill Richardson, ancien proche d'Aung San Suu Kyi, a démissionné avec fracas d'une commission consultative sur la situation dans l'ouest du pays, se déclarant alarmé par «l'absence de leadership» de la dirigeante birmane.
Aung San Suu Kyi est gagnée par l' «arrogance du pouvoir», avait-il encore raconté au New York Times. Elle est d'après lui isolée dans une «bulle» et entourée «de flagorneurs qui ne lui décrivent pas la réalité de la situation».