Il reste moins d’une semaine de campagne et même si le résultat des élections demeure imprévisible, on peut déjà faire un bilan partiel de la « performance » des chefs.
Allons-y un par un.
♦ Justin Trudeau est entré confiant dans cette campagne. Il croyait sa réélection assurée.
L’homme a du charisme, on le reconnaîtra, même si on y est absolument insensible. Mais comme on disait autrefois que celui qui a vécu par l’épée périra par l’épée, on dira aujourd’hui que celui qui a vécu par l’image périra par l’image. Et la communication des libéraux a mal tourné.
Le PLC ne s’effondrera pas, toutefois. C’est le parti naturel de gouvernement au Canada. La force du PLC, c’est d’avoir, bons jours mauvais jours, les élites canadiennes avec lui.
♦ Andrew Scheer est un Canadien anglais à l’ancienne. Dans sa langue maternelle, sans briller, il est à l’aise et parvient à faire passer ses idées.
Il n’a pas l’autorité naturelle d’un Stephen Harper ou le charisme d’un Mulroney, mais il tient la route. Il peut encore gagner ses élections.
Au Québec, toutefois, il s’est effondré. Le Parti conservateur ne peut percer au Québec qu’en occupant le créneau nationaliste. Il ne l’a pas fait.
♦ Jagmeet Singh est assurément un leader sympathique. Les Québécois l’apprécient aussi. Ceux qui s’imaginent qu’ils refusent de voter pour lui à cause de son turban révèlent surtout leurs préjugés contre les Québécois, qu’ils accusent implicitement d’intolérance.
Le problème est ailleurs. Le NPD n’a pas de racines au Québec. Et en 10 ans, il n’a pas développé de leadership québécois sérieux. .
♦ Yves-François Blanchet est indéniablement la surprise de cette campagne. On le croyait abrasif et cassant. Il a su se faire efficace et convaincant.
Très cérébral et toujours calme, il a su éviter les mauvaises querelles qui font souvent mal aux souverainistes. Évidemment, il a profité d’une conjoncture favorable.
La poussée du Bloc dépend de facteurs qui lui échappent en partie. Depuis un an, le Québec connaît une renaissance nationaliste. Sans renier son objectif fondamental, le Bloc de Blanchet s’est aligné sur ce programme et a transformé la loi 21 en étendard de la différence québécoise.
♦ Maxime Bernier a surpris. Les médias aiment le portraiturer en leader de la droite la plus radicale.
Il est manifestement plus complexe que cela, même s’il est exagérément dogmatique. Si son climatoscepticisme le dessert, il est parvenu à faire entendre une voix « différente », moins caricaturale que ses tweets.
Dans une culture politique très consensualiste, comme c’est le cas au Canada, il contribue à ouvrir le débat public. S’il gagne son comté, il pourra construire durablement son courant politique.
♦ Elizabeth May, enfin ! Au Canada anglais, elle existe. Le Parti vert y trouve un véritable écho. C’est plus compliqué au Québec.
Cela dit, par sa persévérance, au fil des ans, elle a transformé les verts en véritable force politique. Ce n’est pas rien. Si elle parvient à faire élire quelques députés, elle pourra crier victoire.