Affaire SNC-Lavalin : les libéraux mettent fin aux travaux du comité de la justice

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Le PLC en pleine dégringolade


La majorité libérale au comité de la justice des Communes vient de mettre fin aux velléités des partis d'opposition de poursuivre les travaux sur l'affaire SNC-Lavalin, eux qui souhaitaient y réentendre l'ex-ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould. Pour dénoncer la décision libérale, le chef conservateur Andrew Scheer entend retarder la présentation du budget au Parlement.




La décision du comité, prise lors d’une séance de travail tenue à huis clos mardi, à quelques heures du dépôt du budget, n'a surpris personne, dans la mesure où elle avait été annoncée la veille dans une lettre signée par les cinq libéraux du comité.


Ils disaient être « convaincus d'avoir contribué de façon importante à la compréhension qu'ont les Canadiens » de ce dossier, qui a déjà entraîné les démissions de Mme Wilson-Raybould, de la présidente du Conseil du Trésor, Jane Philpott, et du conseiller du premier ministre Trudeau, Gerald Butts, ainsi que le départ précipité du greffier du Conseil privé, Michael Wernick.


L'argument a été repris à la sortie de la rencontre du comité par le député libéral Randy Boissonnault, qui s'est fait le porte-parole de ses collègues. Selon lui, le comité a rempli son mandat après avoir entendu 13 heures de témoignages livrés par 10 témoins qui se sont fait poser 600 questions au cours des cinq dernières semaines.


« Les Canadiens voulaient qu’on se penche sur cet enjeu, comprendre ce qui s'est passé. Nous avons entendu plusieurs des principaux joueurs dans cette affaire […] et il est temps que le comité de la justice revienne à ses travaux [habituels] », a-t-il plaidé. Mme Wilson-Raybould a elle-même été entendue pendant plus de quatre heures, a-t-il rappelé.



Nous avons clairement entendu que toute cette affaire n’était qu’un malentendu sur la nature des conversations qui ont lieu avant qu’une procureure générale ne prenne une décision.


Randy Boissonnault, membre libéral du comité de la justice des Communes


« Nous sommes confiants que nous avons fait ce que nous avions dit que nous allions faire, soit de fournir des informations aux Canadiens pour qu’ils puissent prendre leur décision », a ajouté M. Boissonnault, après avoir rappelé que le comité de la justice n'était pas un tribunal.



Il revient maintenant au commissaire à l'éthique de rendre son rapport sur cette affaire, a-t-il conclu. Il a aussi rappelé que l'ex-ministre libéral Anne McLellan a été mandaté pour examiner le double rôle de ministre de la Justice et de procureur général du Canada, et sa relation avec l'appareil gouvernemental.


Trudeau se moque des Canadiens, soutient Scheer


Le chef conservateur Andrew Scheer n'a pas tardé à dénoncer la fin de ce qu'il appelle « l'enquête sur l'ingérence de Justin Trudeau dans le scandale de corruption de SNC-Lavalin. La décision du comité, dit-il, est « un abus de pouvoir, un affront à la démocratie et une attaque contre le Parlement ».


En mettant fin aux travaux du comité, a-t-il soutenu, Justin Trudeau « se moque » de tous les Canadiens, qui espéraient plus de transparence dans ce dossier, en leur disant : « vous ne méritez pas de connaître la vérité ». M. Scheer allègue en outre que tout le gouvernement est maintenant « occupé à se protéger de toute responsabilité en matière de corruption ».


Le chef conservateur a prévenu qu'il entendait protester contre la décision du comité en utilisant des mesures procédurales pour retarder le discours sur le budget du ministre des Finances Bill Morneau, qui doit avoir lieu vers 16 h, à la Chambre des communes.


Il n'a pas voulu en dire plus à ce sujet, en invitant les journalistes qui le pressaient de questions à « rester à l'écoute ».


« Hier encore, le premier ministre disait : "laissez le comité de la justice faire son travail". Aujourd'hui, on a vu ce que ça voulait dire », a raillé le député néo-démocrate Murray Rankin, qui est membre du comité de la justice.


Les libéraux disent maintenant qu'il faut s'en remettre au commissaire à l'éthique, mais il est en congé de maladie, tandis que l'ex-ministre McLellan va être « utilisée » par le gouvernement pour noyer toute l'affaire, a-t-il argué du même souffle.


Toutes ces opérations « ne permettront pas aux Canadiens de savoir s'il y a eu de l'ingérence politique aux plus hauts niveaux du gouvernement », a déploré M. Rankin. « Le gouvernement ne nous le permet pas. »


Le député néo-démocrate a réitéré que seule une enquête publique permettrait de faire la lumière sur cette affaire. Une motion en ce sens a toutefois été récemment battue aux Communes, où les libéraux sont aussi majoritaires.




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