Les possibles et les limites de l'indépendance
2 janvier 2016
Il est temps de sortir les idéalistes de la War room
«Il n'y a pas de politique qui vaille en dehors de la réalité. » (De Gaule)
M Verrier :
« Il faut en effet pratiquement remonter à Jean Lesage et René Lévesque pour trouver une tranche d’histoire où l’État s’affirme stratège, organisateur et quelque peu visionnaire. Que l’Institut se penche sur la façon de renouveler la centralité de l’État du Québec, je n’ai rien à redire et je le souhaite. Or rien ne l’annonce à ce stade et tout avance au ralenti.»
Vous avez identifiez exactement le moment où la monté en puissance de l'État du Québec vers son émancipation achoppe. Le moment où nous sommes passé de l'agir (en acte d'État) au dire (magnifier le pays dans le verbe pour le faire advenir).
Comment explique que ceux qui ont découvert que l'État (du Québec) pouvait agir avec envergure : nationalisation de l’hydroélectricité, Caisse de dépôt, projection du Québec à l'international : doctrine Gérin Lajoie) aient à un moment donné abandonné l'État (qui se nomme dans l'agir) qui se dirigeait vers la rupture du cadre constitutionnel, pour partir à la quête d'un pays fantasmé ? Qui tient la réponse à cette question tient la clé qui ouvre les perspectives (un bon sujet pour l'IRIQ).(*)
Mon hypothèse est que les penseurs du projet souverainiste ont fait la même erreur que les penseurs du mouvement patriote de 1837-38 : inscrire un projet radicale dans le registre de l'idéal (la Couronne britannique bienveillante envers les 92 résolutions ; et, le Canada est un État démocratique exemplaire ; alors que sa position est de ne pas reconnaître le référendum).
Et avec les même résultats : l'objectif de récupération de compétences a mené au contraire, à une pertes de compétence : l'Acte d'Union et la Constitution de 1982.À deux reprises la démarche idéale a placer la nation dans une situation extrêmement préjudiciable à son existence (en 1840, nous avions l'Église de Rome et ses institutions pour nous ramasser, ce n'est plus le cas aujourd'hui, d'où le déclin de la nation).
Deux statuts (1840-1982) qui visent le même objectif : l'assimilation de la nation.
Un dur rappel à la réalité pour les idéalistes : le changement de statut résulte d'un rapport de force.
Et je le répète : les statuts résument et portent l'histoire.
On voit avec ce rappel à l'histoire, que le défi de l'IRIQ sera de sortir le projet du registre de l'idéal et le ramener dans le champs de la realpolitik. Et il importe de comprendre que cet enjeu est existentiel.
Un défi qui risque de faire éclater le Parti Québécois. D'où aussi l'importance d'en débattre avec rigueur.
JCPomerleau
(*) Imaginons que dans la foulée de la Révolution tranquille le Québec se soit doter d'une Constitution d'État ? Avec le statut du français comme langue d'État (ce qu'elle est depuis 1663, sans que le statut soit abrogé ou modifié).
Le Québec aurait eu à opposer au nom du principe d'équivalence (géopolitique) une constitution du Québec (largement appuyée) à celle proposée par Trudeau.
Un rapport de force favorable qui aurait préserver les intérêts supérieurs de la nation. Et nourrit une dynamique politique autrement plus porteuse pour la suite de l'histoire.