Les États-Unis et Israël parlent ouvertement, désormais, d'attaquer l'Iran, et le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) multiplie les appels à "désamorcer la crise qui s'annonce".
Les propos de Mohamed ElBaradei, repris dans des interviews et devant le Conseil des gouverneurs de l'AIEA, "dénotent l'existence d'un plan secret des États-Unis pour frapper l'Iran", écrit presstv.ir en citant "des analystes politiques".
"Ni l'AIEA, ni la CIA, ni le MI6 (britannique) ne voient de danger imminent venant de l'Iran. Il ne faut pas encourager les "nouveaux cinglés" (new crazies) qui parlent de bombarder l'Iran, ce qui serait une catastrophe", a dit ElBaradei à la BBC.
"L'impasse dans le dossier nucléaire de l'Iran m'inquiète, il faut la briser en désamorçant la confrontation qui s'annonce", a-t-il déclaré devant les gouverneurs de l'AIEA, réunis lundi en assemblée à Vienne.
Selon les analystes de presstv.ir, ElBaradei veut se distancier d'éventuelles frappes militaires contre l'Iran, car "il ne veut pas être accusé de complicité" avec les États-Unis.
Lieberman et Israël
L'option militaire a été évoquée dimanche par le sénateur Joe Lieberman. Invité de CBS à l'émission Face the Nation, l'ex-démocrate élu comme indépendant et demeuré proche de l'administration Bush a déclaré: "Si les Iraniens ne veulent pas jouer selon les règles, nous devons recourir à la force, pour protéger nos combattants en Irak et pour empêcher qu'ils accèdent aux armes nucléaires."
C'était la première fois qu'un dirigeant états-unien de ce niveau parlait d'user de la force contre l'Iran. Ses propos rejoignaient ceux de dirigeants israéliens: "Il suffit de 10 jours et de 1000 missiles Tomahawk" pour démolir le programme nucléaire iranien, a dit le premier ministre Ehoud Olmert; les États-Unis et Israël ont une stratégie commune où "toutes les options sont sur la table face à l'Iran", a renchéri le ministre Shaul Mofaz.
Le général Wesley Clark, ancien commandant de l'OTAN et aspirant démocrate à la Maison-Blanche, a accusé Lieberman de tenir "des propos belliqueux et irresponsables" après "avoir soutenu les gaffes stratégiques de l'administration en Irak". Harry Reid, le chef de la majorité démocrate au Sénat, a dit préférer, à "la déstabilisation" proposée par Lieberman, le dialogue avec l'Iran recommandé par la commission Hamilton-Baker.
Gazoduc et raffineries
Les Iraniens ont porté plainte à l'ONU contre "les menaces d'Israël", et réitéré leur droit à l'énergie nucléaire dans le cadre du Traité de non-prolifération (NPT) qu'ils ont signé et auquel Israël refuse de souscrire. Ils ont aussi minimisé le risque d'agression venant des États-Unis "après leurs échecs en Irak et en Afghanistan".
Mais ils menacent d'inculper les quatre États-uniens d'origine iranienne qu'ils détiennent comme "posant une menace à la sécurité nationale". Ils entendent, selon le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, "faire regretter aux États-Unis la détention de cinq diplomates iraniens depuis janvier en Irak".
La signature d'un traité entre l'Iran, le Pakistan et l'Inde pour construire un gazoduc de sept milliards dedollars américains est prévue d'ici le mois prochain, et l'Iran a annoncé son intention de bâtir cinq nouvelles raffineries de pétrole en Asie, incluant la Chine. Les États-Unis s'opposent à ces projets, et le no 3 du secrétariat d'État, Nicholas Burns, a accusé hier l'Iran de transférer des armes aux talibans en Afghanistan et de soutenir des mouvements radicaux au Moyen-Orient.
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