On est à court d'adjectifs devant ce qui se passe au CHUM.
Résumons. Le CHUM avait planifié, pour son centre de recherches, un édifice en hauteur de 18 étages. Le projet ayant suscité de l'opposition, notamment parce que cette masse allait éclipser les bâtiments patrimoniaux du Vieux-Montréal, le CHUM est retourné à la planche à dessin pour se rendre compte que, finalement, un édifice en longueur de quatre étages, recouvrant le square Viger au sud, conviendrait mieux à la recherche clinique. (Comment se fait-il qu'on n'avait pas réalisé cela avant? Avait-on négligé de consulter les chercheurs?)
La semaine dernière, surgissent tout à coup quelques descendants de Louis-Joseph Papineau qui plaident en faveur du maintien du square donné par leur ancêtre en 1818!
La Ville était prête à prendre le parti du CHUM, pour des raisons dont l'évidence est aveuglante. Il aurait toutefois fallu quelques semaines pour permettre une consultation pro forma. Mais qu'était-ce qu'un léger retard, pour un projet qui pourrit depuis 10 ans?
Et voilà qu'hier, on apprend que le CHUM a changé son fusil d'épaule et revient à son plan en hauteur, quoiqu'on parle maintenant de 14 étages. Pourquoi cette décision capitale a-t-elle été prise si abruptement, sur la simple foi d'un article de journal qui faisait état des récriminations futiles des descendants de Papineau?
Coût de ces incroyables tergiversations: au moins 17millions, correspondant aux 17 mois pendant lesquels les experts ont travaillé sur l'option «Viger». Selon Clermont Gignac, le directeur exécutif du projet cité par Le Devoir, chaque mois de retard coûte un million de dollars, et cela n'inclut pas les honoraires des professionnels (estimés à près d'un million) qui ont préparé les esquisses que le CHUM vient de jeter à la déchiqueteuse.
Rien n'est prêt. Les partenaires privés de la construction ne sont pas choisis. Les plans de l'hôpital ne sont pas définis. On vient de décider - toujours l'improvisation - de démolir la plus grande partie de Saint-Luc (pourquoi pas l'hôpital au complet?), tant il est vrai que rénover de vieux immeubles coûte toujours plus cher que de construire du neuf. Cela, bien sûr, avait été prévu par les partisans du site Outremont, de même que le manque d'espace, qui prend ici des dimensions dramatiques: non seulement le CHUM ne pourra pas prendre de l'expansion mais il est déjà confiné dans un périmètre trop petit pour les besoins actuels.
Les responsables du projet ont commencé à s'affoler. Ils veulent creuser avant même d'avoir en mains un projet en bonne et due forme, une éventualité que le gouvernement Charest ne détesterait pas car cela donnerait l'impression qu'on avance. Ce serait bien le comble de l'irresponsabilité que d'ouvrir un cratère en plein centre-ville, avant même de savoir comment on le remplira.
On se demande si cette brusque envie de pépine n'est pas inspirée par la peur de voir le premier ministre sonner le retour à la solution du bon sens, c'est-à-dire au site Outremont, une solution qui reste possible tant qu'on n'a pas creusé. C'est ce qu'espèrent toujours des partisans du projet piloté par l'ancien recteur Lacroix. Mais n'y comptons pas. M. Charest a été incapable de résister aux lobbies qui militaient en faveur du site Saint-Luc alors qu'il était à la tête d'un gouvernement majoritaire. Il se contentera d'assister passivement au déroulement d'un désastre annoncé.
Pendant ce temps, la fondation du CHUM attend les dons qui ne viennent pas, et pour cause: quel mécène voudrait engloutir des fonds dans ce projet broche à foin qui, dans le meilleur des cas, ne produira qu'un hôpital sans envergure particulière?
La Fondation a lancé une loterie (une loterie!) et sollicite des dons par téléphone, au hasard du bottin - une collecte qui se fera à coup de billets de 10 ou 20 dollars... Le CHUM n'a même pas pu trouver une personnalité d'envergure pour présider sa campagne de financement dans les milieux d'affaires. Et pour cause. Tel qu'on fait son lit, on se couche. Les gens d'affaires qui s'étaient bénévolement engagés dans le projet du recteur Lacroix dans le but d'offrir à la collectivité un projet porteur et emballant ont été traînés dans la boue et ignominieusement calomniés. Ne nous étonnons pas qu'ils soient insensibles aux appels du pied de la direction du CHUM.
Un désastre annoncé
On est à court d'adjectifs devant ce qui se passe au CHUM.
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