Lundi soir, je participerai à la soirée électorale sur les ondes de TVA. Nous analyserons les résultats de cette élection qui s’annonce serrée. Il y a cependant quelques dizaines de circonscriptions où il n’y a aucun suspense. Ce sont des comtés sûrs. Des comtés libéraux. Les libéraux le savent. Leurs adversaires le savent.
Les journalistes et analystes le savent aussi. Parfois, on le mentionne, parfois on fait plus attention puisque, en démocratie, il est mal vu de prendre les citoyens pour acquis. Répéter qu’un comté est teint en rouge paraît méprisant pour les électeurs. Mais si c’est la vérité...??? On fait quoi ? On fait semblant ?
Ces circonscriptions acquises au Parti libéral ne sont pas un phénomène nouveau. Quelques-unes sont presque libérales depuis la Confédération. De toutes les époques, les libéraux partent le jour 1 d’une campagne électorale avec des sièges assurés.
Ce qui frappe néanmoins, c’est l’augmentation rapide du nombre de ces circonscriptions acquises aux libéraux au cours du dernier quart de siècle. Quand je suis entré chez les jeunes libéraux à la fin des années 1980, on parlait d’une vingtaine de sièges. Aujourd’hui, on parle presque du double...
Laval
L’île de Laval fournit l’un des exemples les plus intéressants. Il y a à peine une quinzaine d’années, je dirigeais l’ADQ lorsque nous avions remporté une élection partielle dans Vimont. À ce moment-là, mon collègue au JournalJoseph Facal représentait Fabre pour le PQ. Les libéraux avaient un seul comté sûr à Laval. Tout le monde pouvait gagner les autres. Cette année, c’est l’inverse. Les experts vous diront que tous les comtés de Laval sont acquis aux libéraux, sauf un.
Je ne dénonce pas ici le vote des individus qui habitent ces comtés. Nous vivons dans une démocratie et dans un pays libre. C’est le bien le droit le plus strict de chaque citoyen de déposer ce petit X qui lui appartient dans la case de son choix.
Je constate néanmoins que si cette tendance se maintient, c’est-à-dire si l’on ajoute 2 ou 3 circonscriptions sûres pour les libéraux tous les quatre ans, la conséquence sera lourde. Ce n’est plus seulement le résultat dans quelques dizaines de comtés qui sera enfantin à prédire, mais le résultat à l’échelle du Québec. Une démocratie dysfonctionnelle ?
Pas de référendum
On avait l’habitude d’expliquer ce ralliement massif des anglophones et allophones au PLQ en pointant du doigt la menace de la souveraineté. Ceux qui veulent rester dans un Canada uni voyaient alors dans le Parti libéral cette sécurité. Mais nous voici au terme d’une campagne où cette question fut absente. Et j’ai l’impression que nous ne verrons aucune différence lundi soir dans ces comtés traditionnellement libéraux.
À terme, il faut souhaiter que la diversité politique s’installe dans les milieux allophones et anglophones. Sinon, ce seront les francophones qui vont finir par s’unir dans un seul parti pour éviter d’être gouvernés par la minorité.
Des élections strictement basées sur un clivage culturel et linguistique, ce serait une bien mauvaise chose.