Les membres de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et les principaux pays émergents dépensent chaque année des dizaines de milliards de dollars en subventions à la production et à la consommation d’énergies fossiles. Des mesures coûteuses pour les États et qui nuisent aux tentatives de lutter contre les bouleversements climatiques.
Dans le cadre d’une étude publiée lundi, l’OCDE a recensé et estimé plus de 800 « mesures de soutien à la production ou à la consommation de combustibles fossiles » au sein de ses membres, mais aussi de six pays émergents (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Russie).
Au total, pour la période 2010-2014, ces diverses formes de subventions ont drainé chaque année entre 160 et 200 milliards de dollars de fonds publics. Et selon l’OCDE, la majeure partie du montant correspond au soutien dont bénéficie la consommation de produits pétroliers. L’organisation constate toutefois un soutien « important » pour l’exploitation du pétrole, du gaz et du charbon au sein des pays producteurs d’énergies fossiles, comme le Canada, la Russie et les États-Unis.
Qui plus est, le rapport note « une certaine inertie », puisque les mesures en faveur des combustibles fossiles ont tendance à rester en place « pendant des périodes prolongées ». Ainsi, les deux tiers ont été adoptées avant l’an 2000, époque où le changement climatique « n’était pas forcément jugé préoccupant par les responsables politiques ». Selon l’OCDE, cela démontre que les États devraient songer à « réévaluer périodiquement » la pertinence de certaines mesures.
Selon les calculs de l’Institut Pembina, les subventions canadiennes dirigées uniquement aux pétrolières, dont celles actives dans les sables bitumineux, dépasseraient les 700 millions de dollars annuellement.
Impacts négatifs
La remise en question des subventions aux énergies fossiles apparaît d’ailleurs plus pressante que jamais, selon l’OCDE. En cette année 2015 qui doit normalement se conclure sur la signature d’un accord très ambitieux de lutte contre les bouleversements climatiques, l’organisation juge en effet que « les subventions aux combustibles fossiles sapent les efforts de décarbonation de l’économie tout en aggravant les atteintes à la santé humaine provoquées par la pollution atmosphérique ».
5300 milliards, selon le FMI
Cette étude de l’OCDE n’est pas la première à évaluer l’ampleur des fonds publics monopolisés par l’industrie des énergies fossiles. Selon un rapport publié en mai 2015 par le Fonds monétaire international (FMI), les subventions publiques mondiales consacrées au secteur des énergies fossiles devraient dépasser les 5300 milliards de dollars cette année.
Le FMI définit ces « subventions » essentiellement en comparant les prix payés par les consommateurs pour leur énergie et son coût « réel ». Ce dernier comprend les coûts, pour les États, des « dommages » de plus en plus importants engendrés par les problèmes environnementaux et en matière de santé humaine. Les bouleversements climatiques, qui ne cessent de s’aggraver, sont compris dans cette évaluation.
L’institution financière estime ainsi que les subventions devraient atteindre 5300 milliards de dollars cette année. Cela équivaut à 10 millions de dollars par minute. Le charbon, le pire des combustibles fossiles en matière de problèmes de pollution de l’air et d’émissions responsables des bouleversements du climat, accapare plus de la moitié des 5300 milliards. Le pétrole le suit avec le tiers de l’enveloppe globale et le gaz remporte le reste.
Ce montant, notait aussi le FMI, équivaut à 6,5 % du PIB mondial. Cela signifie que les sommes investies dépassent la part du PIB planétaire consacrée à la santé, qui doit atteindre les 6 % cette année.
Le FMI évalue en revanche que la mise en place de moyens d’éliminer ces subventions implicites permettrait de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de plus de 20 %, en plus de mener à une réduction des décès prématurés imputables à la pollution de l’air. Selon l’institution, la réallocation de ces sommes pourrait également permettre de réduire les taxes qui pèsent sur le travail et de doper des dépenses publiques, sources de croissance économique.
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