Le Journal de Montréal et TVA ont déposé une requête en Cour supérieure pour forcer le Conseil de presse à cesser de rendre à leur sujet des décisions « biaisées » et sans valeur légale, et réclament 200 000 $ en dommages pour atteinte à leur réputation.
« Aujourd’hui, bien que les médias de Québecor ne soient plus membres du Conseil de presse [CPQ], le Conseil continue de rendre des décisions erronées, injustes et diffamatoires à notre égard. La situation actuelle est inacceptable », a affirmé par voie de communiqué Dany Doucet, vice-président, Information, Agence QMI, et aussi rédacteur en chef du Journal de Montréal.
Pas membre
Depuis plus de huit ans, ni Le Journal de Montréal ni TVA ne font partie de ce « tribunal d’honneur » qui traite les plaintes visant les médias au Québec. Mais bien qu’il ne soit ni un syndic ni un comité de discipline, il s’est « lui-même octroyé un rôle similaire », peut-on lire dans le document de cour déposé hier à Montréal.
Or, les « décisions » rendues par cet organisme privé peuvent manquer de rigueur en plus d’être arbitraires, est-il déploré dans la poursuite, qui pointe deux cas récents.
Au printemps dernier, le CPQ avait « sévèrement blâmé » Le Journal pour une soi-disant citation inventée dans un article concernant des inondations l’année précédente. Or, la citation a été recueillie par un journaliste-photographe de l’Agence QMI, indique le document de cour, qui accuse l’organisme d’avoir ainsi rendu une « décision nécessairement bâclée ».
Autre grief
Puis, au mois d’avril, le Conseil de presse a retenu un grief contre le chroniqueur Richard Martineau pour une chronique où il exprime son opinion concernant les enfants soldats.
Cette décision est « non seulement arbitraire et contraire à la liberté d’opinion, mais aussi contraire au bon sens et à la logique », indiquent dans la poursuite les avocats de Québecor, qui déplorent que l’organisme privé « se présente comme étant représentatif de la scène médiatique québécoise, alors que la réalité est tout autre ».
Les médias de Québecor soutiennent que le Conseil de presse porte ainsi atteinte à la réputation des deux médias, qui rejoignent près de 6 millions de Québécois. En les « jugeant » même s’ils ne sont pas membres du CPQ, ce dernier porterait ainsi atteinte à leur liberté d’association.
« Nous sommes brimés dans notre droit de ne pas nous associer à cette organisation, un principe garanti par la Charte des droits et libertés de la personne », soutient M. Doucet.
200 000 $
Le Journal réclame ainsi 100 000 $ pour atteinte à la réputation et 50 000 $ à titre de dommages-intérêts punitifs, tandis que TVA réclame 50 000 $ à titre de dommages-intérêts punitifs.
Tant M. Doucet que Serge Fortin, vice-président de TVA Nouvelles et TVA Sports, rappellent que « tous les médias ont une responsabilité à l’égard du public et doivent exercer leur travail selon les droits et obligations qui régissent » la profession.
« Les tribunaux sont cependant les seules instances pouvant porter un jugement impartial », concluent-ils.
Contacté par Le Journal, le CPQ a affirmé « prendre cette situation très au sérieux », et qu’il allait prendre connaissance des procédures avant de commenter.
« Le Conseil va se défendre », a assuré la secrétaire générale du CPQ, Caroline Locher.