Agence France-Presse Istanbul — Les puissances mondiales et régionales réunies hier dans le groupe de contact sur la Libye ont pleinement reconnu la rébellion, ce qui leur permettra de lui apporter l'aide financière qu'elle réclame pour combattre le régime du colonel Mouammar Kadhafi.
Le groupe de contact reconnaît désormais le Conseil national de transition (CNT), organe politique des rebelles, comme «l'autorité gouvernementale légitime» du pays, selon la déclaration finale de la réunion du groupe à Istanbul.
«Jusqu'à ce qu'une autorité intérimaire soit en place, les participants ont convenu de traiter le CNT comme l'autorité gouvernementale légitime en Libye», affirme le document.
«Cela veut dire que nous allons pouvoir dégeler un certain nombre d'avoirs appartenant à l'État libyen puisque que c'est le CNT qui exerce désormais cette responsabilité», a expliqué le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.
La démarche n'a pas impressionné le colonel Kadhafi: «Reconnaissez un million de fois le soi-disant Conseil national de transition, cela n'a aucune portée pour le peuple libyen qui va piétiner vos décisions», a-t-il déclaré hier soir dans un message retransmis par haut-parleurs à des milliers de ses partisans rassemblés à Zliten, à 150 km à l'est de Tripoli. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté en février des sanctions économiques contre le régime de Tripoli, incluant le gel des avoirs de la famille et des personnalités proches du colonel Kadhafi. Le CNT réclamait la cession de ces avoirs à la rébellion.
Les participants appellent désormais les pays détenant des avoirs libyens gelés à «ouvrir des lignes de crédit correspondant à 10 à 20 % des avoirs gelés en considérant ceux-ci comme collatéraux».
«Le groupe de contact a aussi encouragé les participants à fournir une aide financière substantielle au CNT dans le contexte des lois existantes, y compris à travers des mécanismes autorisant les entités contrôlées par le CNT à exporter des hydrocarbures», affirme la déclaration commune.
La pleine reconnaissance du CNT est le résultat des assurances fournies par les rebelles, «notamment la promesse de poursuivre des réformes démocratiques ouvertes, tant géographiquement que politiquement», a affirmé la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton. «Les États-Unis sont impressionnés devant les progrès accomplis par le CNT [...], ce qui renforce notre confiance dans le fait qu'il est le bon interlocuteur», a ajouté Mme Clinton, qui s'était entretenue dans la matinée avec Mahmoud Jibril, le numéro deux de la rébellion.
Le Canada à Benghazi
Le Canada songe à ouvrir une représentation diplomatique dans l'est de la Libye, a annoncé hier le ministre des Affaires étrangères, John Baird. Le ministre avait visité les rebelles à Benghazi le mois dernier. Déjà, il songeait à augmenter la présence diplomatique du Canada dans l'est du pays, une région contrôlée par l'opposition libyenne.
À Benghazi, le CNT a salué hier soir les États-Unis comme «protecteur et promoteur de la démocratie et de la liberté», et exprimé «sa gratitude et son respect au peuple des États-Unis d'Amérique pour avoir reconnu le CNT comme le représentant légitime du peuple libyen».
Dans sa déclaration commune, le groupe de contact demande aussi aux rebelles de travailler sans délai à établir un gouvernement de transition.
«Le groupe a appelé toutes les parties concernées à rechercher les moyens de favoriser la formation d'un gouvernement intérimaire pour assurer une passation de pouvoir en douceur et pacifique avec le plus grand soutien populaire possible», selon la déclaration. Il réclame de nouveau le départ du pouvoir du colonel Kadhafi «selon des étapes définies qui seront annoncées publiquement». Le groupe de contact a en outre demandé à toutes les parties de «coopérer avec l'émissaire spécial des Nations Unies [en Libye] et de coordonner avec lui leurs efforts pour contribuer à trouver une solution à la crise».
L'émissaire de l'ONU «est habilité à présenter un paquet politique incluant un cessez-le-feu et à négocier avec Benghazi et Tripoli», a expliqué le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, rejetant «toutes les tentatives pour avoir des médiations secrètes, confidentielles».
La rencontre d'Istanbul réunissait tous les pays participant à la campagne de l'Otan contre le régime de Mouammar Kadhafi. La Chine et la Russie avaient décliné l'invitation.
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Avec La Presse canadienne
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