mardi 11 janvier 2005
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Libre opinion: Devant la saga de l'emplacement du CHUM, le maire Gérald Tremblay tente de recentrer le débat et nous ramène à l'essence même d'un hôpital universitaire, c'est-à-dire un milieu de soins à vocation universitaire, donc d'enseignement et de recherche.
Or, il n'est question que de pieds carrés, de bout de terrain, d'une localisation est-ouest, de lutte de pouvoir... C'est franchement décourageant. Les deux partenaires principaux du projet, soit le centre hospitalier actuel et l'Université de Montréal, de toute évidence ne partagent pas la même vision et déploient des stratégies de relations publiques. C'est même devenu un enjeu de lutte des classes ! La gauche contre la droite... Le prolétariat contre la communauté des affaires... Incroyable !
L'Université de Montréal est la plus grande université francophone en Amérique du nord, c'est assurément une institution majeure dans le développement socio-économique de Montréal et de l'ensemble du Québec. La planification de son futur centre hospitalier constitue un enjeu stratégique de taille qui ne peut souffrir de compromis et qui doit être strictement prise dans l'intérêt supérieur du Québec. Nous sommes à l'ère de la mondialisation et nos institutions doivent concurrencer à l'échelle planétaire. Il est important de convenir dès le départ qu'il ne s'agit pas seulement de construire un hôpital.
L'Université de Montréal propose de créer un véritable campus hospitalier universitaire auquel pourraient se greffer des centres de recherches. En planification d'entreprise, on encourage une stratégie qui mise sur la «synergie». Autrement dit, dans le cas du CHUM, le projet doit améliorer autant le devenir de l'université que celui du réseau de la santé. Séparer leur devenir est un contresens. Il est légitime que l'université cherche à se positionner dans ce choix crucial.
Manque de locaux et de contacts
La Faculté des sciences infirmières souffre d'insuffisance de locaux, de laboratoires et d'autres équipements. La formation infirmière exige, notamment, des laboratoires pour exercer des techniques invasives. De plus, la formation des infirmières praticiennes en spécialité implique la collaboration de la Faculté de médecine et de médecins spécialistes. Enfin, ajoutons que, présentement, les étudiants des différentes facultés s'éparpillent en plusieurs endroits et les contacts entre eux sont rarissimes. Or, la mentalité sectaire des différents professionnels s'avère un frein à l'interdisciplinarité.
Un milieu hospitalier universitaire doit contribuer à l'émergence de pratiques professionnelles basées sur des données probantes, donc des pratiques d'excellence véritables modèles pour les étudiants en médecine et en sciences infirmières et inspiratrices pour l'ensemble du réseau de la santé. Cet objectif est plus facile à atteindre dans un campus hospitalier universitaire conjuguant à la fois l'apprentissage théorique et pratique et où finalement, la vocation d'enseignement est au coeur de la mission et pas seulement placardée sur la façade de l'établissement. La qualité du lieu d'apprentissage a un impact sur les futurs professionnels en termes de compétences, de culture professionnelle, de fierté de servir, d'interdisciplinarité, mais aussi sur la rétention éventuelle de ces professionnels au Québec.
La pertinence de la construction d'un «vrai» CHUM s'impose d'elle-même. Ce qui devait être un grand projet visionnaire et mobilisateur est malheureusement en train de devenir la plus grosse chicane de la décennie.
Gyslaine Desrosiers
_ Présidente de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec et de la Fondation de recherche en sciences infirmières du Québec
Le CHUM du futur, plus qu'un hôpital
Par Gyslaine Desrosiers
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