La petite reine

Mais, de grâce, épargnons-nous un débat futile sur l'abolition d'une fonction qui, malgré son côté vieillot, a bien servi le Québec depuis 140 ans.

L'affaire Lise Thibault


En 1996, la nomination de Lise Thibault au poste de lieutenant-gouverneur avait été très bien accueillie. Gilles Duceppe avait qualifié Mme Thibault de «grande dame». C'est dire combien, 10 ans plus tard, la déception est grande à la lecture des rapports publiés hier par les vérificateurs généraux du Canada et du Québec.



Lise Thibault a été un modèle de courage pour les personnes handicapées, démontrant par l'exemple que, comme elle aimait le dire, «si la porte est fermée, la fenêtre est ouverte». Elle a contribué à une foule de bonnes causes par le patronage accordé à des organismes tels la Société pour les enfants handicapés du Québec et l'Association canadienne pour l'éducation des adultes.
Malheureusement, Mme Thibault en est venue à confondre sa personne et son poste, à se comporter... comme une reine!
Les vérificateurs généraux ont débusqué des abus évidents:
- 45 000$ en indemnités au responsable de la sécurité du lieutenant-gouverneur pour des activités où sa tâche consistait essentiellement à jouer au golf ou à faire du ski avec Mme Thibault;
- Mme Thibault a fait payer par le gouvernement du Canada la location d'une résidence à proximité de Québec (près de 30 000$), maison appartenant à un membre de son cabinet. Le lieutenant-gouverneur recevait déjà du gouvernement du Québec une allocation pour frais de résidence de 4000$ par mois.
- Mme Thibault a obtenu plusieurs milliers de dollars en remboursement pour des activités personnelles (voyages, repas, fêtes familiales, spectacles).
En tout, la vérification n'a pu établir de lien entre des dépenses de plus de 700 000$ et les activités officielles du lieutenant-gouverneur. Les gouvernements devront évidemment faire tout en leur pouvoir pour obtenir remboursement des sommes obtenues sans justification. Ils ne devront pas hésiter à recourir aux tribunaux si nécessaire; il en va de la confiance du public.
Certains se sont empressés de voir dans cette triste affaire la preuve de l'inutilité de la fonction de lieutenant-gouverneur. En réalité, les deux choses n'ont aucun rapport entre elles. Rien dans la fonction de lieutenant-gouverneur ne prédispose aux abus; aucune fonction n'est à l'abri de tels excès. Même un éventuel président de la République indépendante du Québec pourrait céder à la tentation!
Le lieutenant-gouverneur remplit une fonction symbolique mais non moins essentielle. De plus, il est en mesure de mettre son prestige au service de nombreuses oeuvres et activités méritoires. Si on en arrivait à abolir le poste de lieutenant-gouverneur, quelqu'un d'autre devrait s'acquitter de ces tâches. Nous serions bien avancés... Enfin, si Mme Thibault a commis des erreurs graves, il faut se souvenir que le poste de lieutenant-gouverneur a été occupé dans le passé par des personnes qui méritaient pleinement leur titre d'«honorable».
Ottawa et Québec se sont déjà engagés à mieux encadrer les dépenses du lieutenant gouverneur du Québec. Ils devraient aussi diminuer son budget, qui est actuellement aussi élevé que celui de son homologue d'Ontario. Mais, de grâce, épargnons-nous un débat futile sur l'abolition d'une fonction qui, malgré son côté vieillot, a bien servi le Québec depuis 140 ans.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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