L’écocitoyenneté à l’école : pour vaincre la crise climatique

Tribune libre

L’Archevêque d’Afrique du sud et compagnon de lutte de Nelson Mandela, Mgr. Desmond Tutu, fait un lien entre le réchauffement climatique et l’apartheid. Depuis plus de 30 ans, des scientifiques sonnent l’alarme sur les impacts des gaz à effet de serre (GES) et le réchauffement climatique. Pourtant, les émissions de GES continuent d’augmenter. Comme dans un régime d’apartheid, la poursuite des intérêts économiques d’une fraction de la population domine les intérêts de l’ensemble des citoyens, à la différence que, avec le néolibéralisme actuel, c’est la survie de la civilisation et de toutes les espèces vivantes qui sont en péril.
Le virage annoncé dans la nouvelle politique énergétique du gouvernement Couillard vers l’exploitation du gaz et du pétrole non conventionnels , qui produisent davantage de GES que les hydrocarbures conventionnels, vient confirmer le laxisme de nos élus. Le Québec s’avance aujourd’hui dans la voie de l’échec en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques. Ce qui, nous le savons, condamne au chaos les générations futures, c'est-à-dire celles des enfants qui sont aujourd’hui assis à leur pupitre d’élèves.

Des experts reconnaissent que les pays comme le Canada, les États-Unis et l’Australie possèdent toutes les ressources pour opérer une transition énergétique rapide. Plusieurs scénarios de sortie de crise sont déjà établis. En 15 ans, un pays fortement émetteur de GES comme le Canada pourrait être alimenté à 100 % en énergie renouvelable. Le problème de la transition énergétique n’est pas technologique ou financier, il est politique.
Face à la faillite morale de nos politiciens, de nombreuses personnalités font appel à la mobilisation de la société civile pour contrer le désastre annoncé. Le milieu de l’éducation doit prendre acte de ce contexte exceptionnel. Tout comme il est devenu non viable de continuer la prédation capitaliste des ressources de la planète, il n’est plus possible de poursuivre le modèle traditionnel de l’école axée vers la formation de la main d’œuvre tout en faisant abstraction des crises qui s’avancent.
Si l’humanité doit survivre au 21ème siècle, il faut que l’éducation se mette au service de la société civile pour faire échec au néolibéralisme et développer la culture d’écocitoyenneté dont nous avons besoin. L’école ne doit plus être un instrument au service des intérêts du marché. Elle doit devenir un moyen d’orienter les jeunes dans la construction d’une société viable. C’est donc dire que le milieu de l’éducation doit apprendre à connaître, développer et maîtriser les moyens de lutte collective pour la transition énergétique. La lutte aux changements climatiques doit devenir une priorité de l’éducation au Québec comme partout dans le monde.
Louise Morand, Ph.D.
Chargée de cours, UQAM
Enseignante au primaire


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