L’eau embouteillée : nous nous faisons embobiner

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Tribune libre

     Le jour de la cueillette des matières recyclables, passe souvent devant chez moi un glaneur qui récupère les contenants consignés. Quand je l’entends venir, le brave type, avec son chariot rempli à ras bord, je sors parfois pour lui donner ceux que j’ai accumulés.


     La semaine dernière, je lui ai demandé si les affaires marchaient bien. Il m’a répondu par l’affirmative : « Mais l’année prochaine, ça va être beaucoup plus payant, à cause surtout des bouteilles en plastique qu’on va pouvoir ramasser. » [1] Voilà pourquoi on les voit partout ces fameuses bouteilles en plastique non consignées, sur les trottoirs, dans les rues, dans les parcs, partout.


     Personnellement, j’ai toujours trouvé aberrant que nos gouvernements permettent la vente de bouteilles d’eau. Quand je vois des concitoyens sortir avec de grosses caisses plastifiées d’eau en bouteille, je me dis qu’ils se font arnaquer. J’ai remarqué que les représentants d’une certaine communauté culturelle en particulier en achetaient beaucoup, comme si de douteux prêcheurs les avaient convaincus que l’eau qui sortait de nos robinets était impure.


     Récemment, j’ai lu que « l’eau embouteillée pourrait contenir jusqu’à cent fois plus de fragments microscopiques de plastique qu’on le croyait jusqu’à présent » [2]. Et nous laissons faire. Nous nous faisons embobiner et empoisonner.


     Un jour prochain, nos corps seront à ce point gorgés de plastique qu’ils seront inclus dans le système de consigne une fois refroidis. Dans le film d’anticipation « Soleil vert » [3], on fait des biscuits avec les cadavres des gens. On fera des bouteilles en plastique avec les nôtres. L’incinération sera interdite pour cause de pollution.


Sylvio Le Blanc




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