Lettre ouverte aux journalistes
15 février 2013
Monsieur Pomerleau,
Merci pour votre commentaire.
Je suis en partie d'accord avec votre analyse. Il est clair que nos médias sont confrontés à cette réalité qui leur "résiste". Il est clair qu'ils ne peuvent plus faire comme si les malades qui terrorisent la Syrie vont remporter la victoire et il est clair qu'ils ne peuvent nier que le gouvernement Assad est en lutte contre un terrorisme d'envergure. Ils doivent réajuster leur discours.
Mais est-ce la raison pourquoi ils ont finalement décidé de se rendre en Syrie ?
Ils pouvaient modifier leur discours sans prendre le risque de devoir cacher ce qu'ils voient sur place.
Je crois qu'il est "aventureux" de conclure de façon tranchée sur le pourquoi de la présence de Mme Bédard à Damas.
La mission de Mme Bédard à Damas a-t-elle vraiment pour but de «réajuster» le discours de Radio-Canada ?
Si tel est le cas, c'est un "réajustement" bien timide. Mme Bédard nous cache toujours l'opinion qui prévaut majoritairement sur les trottoirs de Damas.
Mme Bédard nous cache aussi l'ambiance chaotique qu'installent les terroristes qui prennent le contrôle de quartiers entiers.
Mme Bédard nous cache aussi le volet du fanatisme islamique, celui que l'on a utilisé pour renverser la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste et assassiner Mouammar Kadhafi, ce même fanatisme que l'on bombarde présentement au Mali et que l'on ne condamne toujours pas fermement du côté syrien.
Si Mme Bédard est à Damas pour modifier le discours tenu depuis le début, elle nous présente des variations de discours très très timides.
Elle est peut-être à Damas pour une autre mission.
Qui sait ?
Nos généraux occidentaux qui aimeraient bien bombarder «humanitairement» (SIC) Assad et les infrastructures de la Syrie (pour de futurs lucratifs contrats de reconstruction) ont sûrement besoin de prendre le pouls de la population et de la vie courante. Quoi de mieux qu'une jeune journaliste coopérative pour leur fournir certains petits détails anodins, mais qui peuvent s'avérer utiles !
Bien sûr, cette hypothèse de mission relève de ce que l'on pourrait qualifier de théorie du complot, mais il ne faut pas se le cacher, les services secrets ne sont pas dits «secrets» pour rien et leurs missions secrètes» consistent effectivement à comploter pour que les intérêts qu'ils servent puissent en bénéficier.
Mme Bédard a peut-être pour mandat de glaner certaines informations manquantes pour l'éventualité d'une future attaque militaire ou terroriste.
Nous devons examiner sérieusement ce que nous apprendra «de plus» Mme Bédard «à Damas». Jusqu'ici, c'est totalement nul.
J'ai la ferme impression que le passage de Mme Bédard sera extrêmement bref, ce qui veut dire que son passage aura été totalement nul au niveau de l'information. Nous ne saurons rien de plus sur la vie courante à Damas ou à son hôtel et rien de plus concernant le pouls de la population de Damas.
Et, je ne crois pas que les États-Unis aient renoncé à attaquer l'Iran.
Au mieux, ils ont mis leur projet sur la glace.
Ceux qui mènent le bal présentement militairement, ce sont les Russes et économiquement ce sont les Chinois.
Serge Charbonneau
Québec