Valeurs occidentales, religion et liberté des individus
30 août 2013
Resituer le débat autour d’une charte de la laïcité
Au jour 15 de la campagne électorale de 2012, soit le 14 août, Pauline Marois promet de faire adopter une « charte de la laïcité » dans les services publics et parapublics advenant l'élection de son parti, une charte qui reposerait sur les principes de neutralité de l'État et de prépondérance de l'égalité entre les femmes et les hommes :
« Des milliers de gens viennent vivre au Québec pour ce que nous sommes : une terre de liberté dont le coeur bat en français, où les droits des gens sont protégés, où les femmes et les hommes sont égaux et où la religion n'intervient pas dans les affaires publiques. » Extrait de l’allocution de Pauline Marois prononcée le 14 août 2012 à Trois-Rivières
En mai 2013, le ministre Bernard Drainville annonce que le gouvernement du Parti québécois déposera après les vacances d’été un projet de loi sur une charte de la laïcité établissant les balises et les normes des accommodements religieux, répondant à un engagement de la dernière campagne électorale. Rebaptisée « charte des valeurs québécoises », ce texte entend assurer la neutralité de l’État quant aux services offerts par le gouvernement et réaffirmer la notion d’égalité homme-femme.
Et voilà, la graine de la discorde et de la confusion était semée…Désormais, la neutralité de l’État cèdera sa place au patrimoine historique des Québécois, travestissant de la sorte la neutralité de l’État en une sorte de fourre-tout patrimonial confus.
Pire encore, ce fourre-tout ouvre la voie à tous les Charles Taylor et tous les Justin Trudeau du Canada qui pourront désormais clamer que les valeurs québécoises signifient la limitation de l’expression des croyances religieuses, le concept de valeur québécoise devenant de la sorte synonyme de xénophobie, une démagogie contre laquelle il n’existe aucun discours rationnel possible hormis un discours émotif dépourvu de toute crédibilité, et que le ROC a déjà commencé à exploiter en sa faveur.
Conséquemment, à mon avis, il est primordial que le gouvernement resitue le débat autour d’une charte de la laïcité proclamant la neutralité « mur à mur » de l’État envers tout symbole religieux dans la fonction publique, à fortiori dans l’enceinte de l’Assemblée nationale en ce qui a trait à la présence du crucifix accroché bien en vue au-dessus du fauteuil du président de la Chambre.
Sinon, les intentions louables du gouvernement péquiste en ce qui a trait à son désir d’inscrire une fois pour toutes dans une charte de la laïcité la neutralité de l’État en matière de symboles religieux risquent de dégénérer en une interminable saga autour de valeurs qui relèvent davantage des croyances personnelles que des traditions collectives des Québécois.