Au-delà des félicitations d'usage et des souhaits de bonne chance adressés à Stéphane Dion comme nouveau chef du Parti libéral du Canada, le premier ministre Jean Charest s'attend à ce que le nouveau chef de l'opposition officielle à la Chambre des communes se mette «à l'écoute du Québec», non sans lui rappeler qu'en matière de partis politiques engagés sur la scène fédérale «la concurrence est très forte pour gagner la confiance des Québécois».
Répondant aux questions des journalistes à la suite d'une présentation de la nouvelle stratégie du gouvernement québécois en recherche et innovation, le premier ministre a mentionné que l'élection de M. Dion était importante dans un contexte où il y a un gouvernement minoritaire à Ottawa. «M. Dion sera appelé à prendre des décisions sur les grands enjeux», a-t-il souligné. Et pour ceux qui ont vu dans l'élection de M. Dion une grande surprise, M. Charest a rappelé qu'il y a eu récemment une autre grande surprise dans la capitale fédérale, lorsque le premier ministre Harper a proposé une motion pour reconnaître la nation québécoise. «Ça aussi, c'est de l'innovation», a lancé mi-blagueur le premier ministre du Québec. Un peu plus tard, dans une réponse en anglais, M. Charest devait ajouter qu'il y avait eu un vote quasi unanime aux Communes sur cette motion et que M. Dion comptait parmi ceux qui avaient voté en faveur de son adoption. Sur ce, M. Charest n'a pu s'empêcher de lancer que la vie politique était excitante!
En revanche, il a rappelé aussi que le parti libéral du Canada n'avait jamais reconnu le déséquilibre fiscal, contrairement au gouvernement conservateur qui l'a fait dans son énoncé budgétaire, mais dont on attend la confirmation concrète lors de la prochaine présentation du budget par le ministre des Finances. M. Charest a bien noté cependant que M. Dion avait pour sa part promis un renforcement du programme de la péréquation, qui est «le transfert le plus important pour le Québec», a-t-il ajouté. En conséquence, l'engagement de M. Dion à ce sujet lui apparaît comme une bonne nouvelle.
Il va sans dire que M. Charest ne s'attend pas à être d'accord sur tout avec M. Dion, mais il a précisé que ses prises de position ne seraient pas effectuées en fonction de «choix partisans». Il a d'ailleurs ajouté que «le Québec continue d'évoluer bien au-delà des partis politiques fédéraux». Selon lui, la reconnaissance du Québec à la participation aux réunions de l'UNESCO et la motion sur la nation québécoise en sont des exemples. «On ne pourra pas arrêter l'évolution du Québec. Moi, je le vois à l'intérieur du Canada, mais les souverainistes ont un autre point de vue», a déclaré le premier ministre.
Quand un journaliste anglophone a demandé à M. Charest ce qu'il pensait des chances de M. Dion de gagner le coeur des Québécois, ayant été le père de la Loi sur la clarté, la réponse qui est revenue comme un refrain, avait déjà été donnée plus tôt: «M. Dion doit gagner la confiance des électeurs au Canada, et en particulier au Québec.»
À Québec, le ministre de la Santé et des services sociaux, Philippe Couillard, a indiqué qu'il avait «beaucoup de respect» pour Stéphane Dion en raison de sa «solidité intellectuelle, de la façon dont il a défendu le fédéralisme au cours des dernières années». Le ministre voit dans le nouveau chef libéral «un défenseur très rationnel et très méthodique du fédéralisme». M. Couillard a invité toutefois M. Dion à «revisiter certains thèmes qui sont chers aux Québécois, comme le déséquilibre fiscal et la question de la reconnaissance de l'identité spécifique [du Québec] au sein du Canada».
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