Les partis d'opposition se sont discrédités, dimanche dernier, en parrainant une manifestation à sens unique farcie de témoignages d'appui au Hezbollah et uniformément hostile à Israël.
Ne parlons pas de Québec solidaire et des autres groupuscules d'extrême gauche, dont la position était prévisible. Mais depuis quand le Parti québécois, le Bloc québécois et le Parti libéral du Canada ont-ils décidé de fermer les yeux sur le terrorisme? Depuis quand cautionnent-ils la présence en leur sein de supporteurs enthousiastes d'un groupe terroriste qui est, rappelons-le, illégal au Canada?
On ne se serait pas étonné de voir des politiciens opportunistes exploiter la vague d'hostilité à la position pro-israélienne du gouvernement Harper. On ne se serait pas étonné non plus de voir les chefs des centrales syndicales sauter dans le même train, eux qui font flèche de tout bois quand il s'agit de s'opposer aux gouvernements dûment élus.
Ce qui étonne et scandalise, c'est qu'au lieu de se contenter de faire de pieux appels à la paix et d'observer un minimum de neutralité, tout ce beau monde ait carrément pris parti contre Israël, et laissé cette manifestation théoriquement vouée à " la justice et la paix " dégénérer en un grand spectacle à la gloire du Hezbollah, à coup de T-shirts jaunes ornés de mitraillettes AK-47 et de pancartes fanatiques (" Nous sommes tous des Hezbollah! ", " Longue vie à Hassan Nasrallah! ", " Juifs, assassins! ", etc.).
La Presse (y compris la boîte courriel de votre humble servante) a reçu nombre de lettres de paisibles Québécois qui s'étaient rendus là de bonne foi et en sont sortis écoeurés.
On dira que toute manifestation court le risque d'être infiltrée. D'ailleurs le service d'ordre, de même que la police, ont demandé à quelques manifestants de replier les drapeaux à l'effigie du Hezbollah. Mais dans ce cas-ci, les organisateurs de la manif (une soixantaine de groupes qui comprenaient entre autres le Congrès islamique canadien... mais aucun organisme juif) sont bien mal placés pour jouer les vierges offensées, car ils avaient déjà mis la table dans une déclaration commune publiée deux jours avant la manifestation.
Le texte de la déclaration condamnait Israël à plusieurs reprises pour sa " folie meurtrière ", ses " carnages " et ses " massacres ", mais n'avait pas un mot de reproche à l'égard du Hezbollah.
À un reporter qui demandait si l'offensive israélienne n'était pas une riposte aux provocations du Hezbollah, la porte-parole du groupe, Lorraine Guay, en remettait, affirmant que cette offensive était " un scandale intentionnel ", et qu'" il faut éviter de stigmatiser le Hezbollah en omettant de faire la distinction entre la branche armée et la branche politique du mouvement ".
Le même soir, à RDI, Denis Coderre, le député libéral qui est également l'organisateur en chef de la campagne de Michael Ignatieff au Québec, lançait péremptoirement: " Ça (le conflit?) n'a rien à voir avec le Hezbollah. " Et le président de la FTQ, Henri Massé, y allait d'une autre de ses fines analyses: " L'agresseur, c'est complètement Israël. "
Après cela, il ne faut pas se surprendre que les partisans du Hezbollah se soient sentis bienvenus à la manifestation.
Même Jean Charest, qui jusque-là s'était tacitement aligné sur la position du gouvernement canadien, n'a pas pu résister à la tentation de mettre son grain de sel dans le débat... après qu'un sondage eut démontré l'impopularité de la position de Harper.
Lors d'une conférence de presse, M. Charest a dit soutenir " un cessez-le-feu immédiat ", au mépris du fait qu'Israël ne veut ni ne peut se retirer du Liban avant le déploiement d'une force internationale susceptible de le protéger contre d'autres attaques.
M. Charest aurait dû rester dans l'humanitaire- un rôle dont Québec s'est très bien acquitté en accueillant généreusement les réfugiés du Liban- au lieu d'aller s'ingérer, pour des raisons de basse démagogie, dans un domaine de compétence exclusivement fédérale.
Il faut être logique. À moins d'être indépendantiste (auquel cas l'on réclame la plénitude des pouvoirs), on ne peut pas à la fois exiger le retrait d'Ottawa des domaines provinciaux comme la santé et l'éducation et se mêler d'une question qui ne relève que d'Ottawa. Québec peut bien réclamer voix au chapitre dans des forums comme l'Unesco, puisque la culture est une responsabilité partagée. Mais la diplomatie internationale et les engagements militaires relèvent strictement du fédéral.
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