Les nationalistes: Canadiens-français ou Québécois?
19 décembre 2010
Il me semble que l’idée de nation ethnique est un piège dans lequel les canadiens-français sont enfermés depuis la conquête. Une nation ethnique ne possède pas de territoire ou n’est associée à aucun territoire puisqu’elle est ethnique. Une nation ethnique ne peut compter que sur sa natalité pour se perpétuer. Impossible, par définition, d’intégrer de nouveaux membres puisque l’appartenance nationale est basée sur l’appartenance ethnique. Dans ces conditions, la nation ethnique canadienne-française est condamnée à la minorisation puis à la disparition dans l’ensemble canadien et surtout anglo-américain. C’est dailleurs là le pari cannadien-anglais. La seule façon de faire l’indépendance est de la faire sur une base territoriale. Seule la nation québécoise peut faire l’indépendance, basée sur le territoire et les frontières du Québec. On parle donc ici de nation civique et non de nation ethnique. C’est le nationalisme québécois qui soutend l’action de la grande majorité des indépendantistes (PQ, Bloc québécois, Québec solidaire, …) et c’est contre le nationalisme québécois et aucun autre que se battent avec acharnement le Canada-anglais et les fédéralistes québécois. Ils ont bien compris qu’ils n’ont rien à craindre du nationalisme ethnique canadien-français - bien au contraire, ils l’utilisent pour décrédibiliser le projet indépendantiste - mais tout à crainde du nationalisme civique québécois dont l’objectif est de réaliser, sur le territoire du Québec, un pays de langue française en terre d’amérique, incluant tous les citoyens québécois souhaitant vivre dans un pays francophone, quelque soit leur origine ethnique.
La contradiction entre nationalisme québécois et la présence d'anglophones au Québec est à mon avis un faux problème. Il existe de nombreux pays dans le monde avec des minoritées extra-nationales (allemands et français vivant en Italie, suédois vivant en Finlande, allemands en Pologne, etc...). Les Québécois n'ont pas de raison de cesser d'être des québécois, ni des francophones parce qu'il y a des anglophones vivant au Québec. La présence de minorités francophone et germanophone en italie n'empêche pas les italiens d'être italiens - on n'y parle pas encore d'italiens italophones, d'italiens fancophones ou d' italiens germanophones -. Les vrais problèmes au Québec sont plutôt : le poid politique de cette minorité extra-nationale, la présence d'un parti de gouvernement dédié aux intérêts de cette minorité plutôt qu'aux intérêts du Québec, l'intégration d'une partie des immigrants à cette minorité, le grand nombre d'institutions québécoises dédiées au intérêt de cette minorité plutôt qu'aux intérêts du Québec et des québécois, le refus d'une partie des québécois - y compris parmis les indépendantistes - d'assumer leur caractère francophone (nous ne sommes pas des québécois francophones mais des québécois, point. Nous n'apprenons pas de langue seconde parce que nous n'avons qu'une langue; nous apprenons des langues étrangères, etc).
Y. Jacques