Lettre ouverte à Pauline Marois
8 juin 2011
Mme Marois n'est que modérément responsable de la situation actuelle. C'est l'incapacité des québécois à assumer leur choix qui l'est. On cherche un bouc en Mme Marois.
Cette incapacité d'assumer ses choix, elle transpire partout au Québec. J'ai aimé un passage de Michel Strogonoff, de Jules Vernes, où un observateur français parle au chef de la révolte tartare. Ce chef considérait l'indépendance de la Sibérie comme une dernière formalité, alors qu'un puissant symbole de l'empire russe trônait encore dans la région. L'observateur lui fit remarquer ce "détail" en donnant en référence la prise de la Bastille, pour souligner l'importance stratégique des symboles.
Ce qui m'a frappé le plus dans cet échange, c'est de réaliser que ces propos de l'observateur français au chef sibérien auraient pus s'addresser aux nationalistes québécois. Nous avons pompeusement une Assemblée Nationale comme la République française, nous avons un président plutôt qu'un gouverneur, un code civil Napoléonien. Nous avons le français comme langue officielle, des ambassades québécoises, des impôts nationaux, une fête nationale, une politique nationale en la sociale démocratie, comme la France, et de puissantes société nationales. Toutes les apparences de la nation libre sont là.
Mais le drapeau canadien est toujours solidement planté chez nous. La Common Law s'impose, les ambassades québécoises sont symboliques, le président de l'Assemblée est concrètemment le gouverneur de la Reine, tous ses députés doivent lui prêter allégence, le builinguisme de facto prime et plus encore depuis la charte fédérale de 1982, nous plions vite à l'anglais, et la Fête Nationale ne fête vraiment pas le jour de l'indépendance. C'est la réalité derrière un décor trompeur.
Tout ça, ce n'est pas Madame Marois qui l'a fait. C'est notre oeuvre à nous les québécois, qui n'avons toujours pas acquis la maturité d'assumer notre choix. Le NPD à Ottawa, c'est une autre récidive: comment peut-on être nationaliste et militer pour un parti fédéraliste? Non, ce n'est pas madame Marois qui a tremblé à deux reprises aux référendum.
À quoi bon s'en prendre à elle ou au PQ, eux qui ne qui ne font que prendre notre poult pour les réfléter dans ses politiques. Ne soyons pas lâche, nous avons caché dans des apparences de république libre les conséquences graves de notre choix de société.
La seule politique viable selon moi est de mettre le peuple devant ce choix. Mais ce choix, ce n'est pas au PQ de leur offrir, c'est le travail du Parti Libéral du Québec, le défenseur du fédéralisme et l'artisan des apparences de révolution. Le PQ ne doit plus avoir deux mandats, une politique de l'apparence et une de l'indépendance. Car je suis sûr de ceci: l'un des deux ne fait que nous transformer en circuit touristique de feu l'Amérique française, tout aussi artificiel que la Louisiane builingue ou Walt Disney World, le royaume des souris (cherchez le chat).
Vous êtes peut-être curieux de savoir la fin du roman de Michel Strogonoff? Et bien repérez la Sibérie sur n'importe quelle carte et vous aurez la réponse.