Les ventriloques du souverainisme
25 mai 2018
D’une part, on peut tenir une discussion sans fin sur l’identité du peuple ou de la nation québécoise ; les termes peuple et nation font tous deux l’objet d’une acception large ou restreinte, selon le contexte (cf. le dictionnaire CNRTL). D’autre part, l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (1867), bien qu’il fût une amélioration apparente par rapport à l’Acte d’union (1840), s’est avéré un marché de dupes, comme l’a amplement démontré Me Néron dans ses articles concernant les menées du raciste George Brown.
Si l’on veut vraiment avancer, il faut viser des gains collectifs significatifs que seuls des gestes d’affranchissement peuvent réaliser. Tant les référendistes que les antiréférendistes doivent comprendre qu’on ne peut parvenir à l’indépendance sans ces gestes préparatoires. Les fameuses « conditions gagnantes », on ne les attend pas, on les provoque.
Le recours systématique à la clause de dérogation sera certes utile, mais ne sera qu’un élément constitutionnel, peut-être une amorce, de la libération finale. Il ne faudrait pas se surprendre que le gouvernement fédéral, acculé au pied du mur, réactive son pouvoir de désaveu des lois provinciales, que ce soit en Colombie-Britannique ou au Québec. Néanmoins, étant un pays artificiel aux mains de l’oligarchie globaliste, le Canada est condamné à s’effondrer à titre de fédération. Il s’agira alors d’accélérer le processus en multipliant les gestes d’affranchissement.
Par ailleurs, il ne faut pas s’illusionner : les négociations avec le régime canadien actuel sont vouées à l’échec, puisqu’elles opposeront fondamentalement — au-delà des considérations légales — deux types de souveraineté : celle des institutions canadiennes d’inspiration monarchique et la souveraineté du peuple québécois. Tout en ne niant pas l’apport précieux des juristes dans le jeu des négociations lors de l’accession à l’indépendance, il faut reconnaître que ce sont les acteurs politiques qui auront le plus grand rôle ; pour vaincre, ceux du Québec doivent éclairer et guider le peuple afin d’obtenir son appui constant.
Lorsque notre État-nation sera ainsi rétabli dans sa dynamique naturelle de représentation du peuple en marche, ce dernier pourra alors être invité à participer à une assemblée constituante pour établir la constitution et les institutions du régime républicain d’un Québec indépendant. Le référendum servira à confirmer l’affranchissement définitif des esprits. Au moment donc où le peuple québécois sera intimement convaincu que la légitimité de sa souveraineté collective prime la prétention monarchique.