Le référendisme, stade suprême du fédéralisme
6 octobre 2017
Bonjour,
la recherche de l'effectivité peut aboutir à la lutte armée, mais pas dans tous les cas. Le risque de révolte armée dépend de variables, le risque est calculable.
Mais d’abord, qu’est-ce que l’effectivité ? L’on pourrait résumer l’effectivité à une indépendance de fait (de facto). Plus précisément, il s’agit d’un rapport dirigeant/dirigé, dans la presque totalité des cas un gouvernement et une population sur un territoire déterminé, où ce gouvernement est effectivement obéi par la presque totalité de la population. Lorsqu’on affirme qu’un gouvernement est effectif, c’est qu’il est le seul à diriger une population sur un territoire. Ainsi, les gouvernements catalans et québécois ne sont pas effectifs présentement puisque l’autorité du gouvernement central s’y trouve. Et ils doivent rechercher leur effectivité complète afin de réussir leur indépendance.
Alors concernant une démarche effectiviste, elle s’inscrit dans le rétablissement de la politique et des rapports de force et vise à prendre tous les moyens possibles afin d’évacuer le gouvernement central et ses commis du territoire contesté.
Les rapports de forces sont d’abord des lois anticonstitutionnelles qualifiées de révolutionnaires adoptées à l’Assemblée législatives qui organise sa seule autorité sur le territoire. Le gouvernement central, sous l’ancienne légalité tente de résister à cette évacuation de son autorité. Ainsi, il s’agit pour le gouvernement sécessionniste de faire appliquer la loi votée par son Parlement ou son Assemblée. Ainsi, il s’agit de toutes les mesures administratives (récupération de tous les impôts, organisation de toute la judicature, obéissance de tous les fonctionnaires par la force s’il le faut, application de ses lois uniquement et que ses lois seulement soient obéis) qui ultimement contesté peuvent aboutir à la violence armée il faut en avoir conscience.
Petite parenthèse ici : la différence entre les cas d’indépendance violents ou pacifique ne tient pas à un choix de méthode, notamment le référendum, comme certains péquistes sous-entendent. Il tient surtout au degré de résistance de l’État central. Les Tchèques n’ont pas résisté aux Slovaques d’où l’indépendance de velours sans référendum. En Bosnie-Herzégovine et au Kosovo il y eut un référendum… après une guerre civile avec la Serbie.
Donc, quelque fois une situation stratégique peut, sans effectivité totale, forcer une négociation de l’indépendance. Par exemple, pour nous au Québec une telle démarche effective de l’utilisation d’un important rapport de force serait de monter le dispositif étatique (police, armée québécoise) afin d’être en capacité de bloquer définitivement la voie maritime du St-Laurent. Considérant les échanges que représente ce « canal de Suez québécois » entre le centre du continent et plus de 60 pays, ceci forcerait tous ces pays à entrer en négociation avec le Québec afin de laisser passer ses marchandises, forme de reconnaissance internationale implicite et début d’indépendance. Si le Canada est incapable de restaurer son autorité suite à un tel blocage, l’action diplomatique et économique des tiers États pousseront le Canada à négocier. C’est un peu comme ça que Nasser brisa définitivement les empires territoriaux avec la nationalisation puis la guerre du canal de Suez en 1956. Pierre Bourgault a, à sa manière particulièrement colorée, déjà exprimé un tel projet.
Dans les faits, rare sont les effectivités totales lorsqu’il y a reconnaissance, mais elle doit être franchement convaincante. Les États centraux, lorsqu’ils comprennent qu’ils ont été battus, lorsqu’ils sont en incapacité technique de rétablir leur autorité, et que l’autorité du gouvernement sécessionniste semble perdurer dans le temps, démarrent à cette étape là les négociations nécessaires afin d’établir l’indépendance de jure de l’État sécessionniste. Pas par amitié bien sûr, mais pour maintenir un certain niveau de relations acceptables.