Les possibles et les limites de l'indépendance
30 décembre 2015
Bossuet : « le plus grand dérèglement de l’esprit consiste à voir les choses telles qu’on le veut et non pas telles qu’elles sont ».
L'actuel débat est important en vue du Congrès du PQ en 2016, au cours duquel les membres auront à statuer sur l'article 1. Débat qui risque de diviser le parti en 2 camps : référendiste-datiste contre, option ouverte sur la date du référendum, (laissé au Chef le choix stratégique d'en promette un, ou non au cour du prochain mandat).
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La souveraineté : le changement de statut d'un État. Il survient quand les forces du statu quo ne peuvent le contenir..
M Deshaies amène dans le débat la référence très pertinente de Maurice Séguin.
Pourquoi Maurice Séguin est devenu l'historien de référence pour la cause souverainiste ?
Parce que son postulat part d'un changement de statut (l'annexion) pour en tiré toutes les conséquences, au final : « l'annexion mène à l'assimilation.». Et a fait de l'enjeu de la souveraineté un défi existentiel pour notre nation, alors que d'autres historiens se cantonnent dans un débat académique.Les statuts résument et portent l'histoire.
On peut résumer l'œuvre de Séguin à l'appréciation correct des rapports de force en présence ; et, la symptomatique qui en découle : politique, économique, sociale, culturelle.
Comment reprendre là où Séguin a laissé. Suffit de comprendre que les deux nations (Les deux Canada) qui se confrontent reposent sur les assises de deux États. Comprendre que la nation repose sur les assises d'un État, qui est donc le levier de l'unité politique :
"Nation : un peuple en possession d'un État" (Karl Deutsch)
« Le peuple, conçu comme communauté politique, n’a pas d’existence en dehors de l’État et de la Nation » (Jacques Sapir)
« L’histoire mondiale ne retient que les Nations qui se sont constituées en États » F.W. Hegel
Pourquoi la doctrine souverainiste doit-elle se centrer sur l'État. Parce que la souveraineté c'est fondamentalement le changement de statut d'un État. Pour le Québec, de province à État souverain. L'État est donc le véhicule du projet et par conséquent l'enjeu de ce projet politique.
Les assises de l'État c'est ce qui porte la trame nationale.
La genèse de l'État du Québec résulte de 400 ans d'investissement, de peuplement et de mise en valeur du territoire. Au bout de ce parcours l'État pointe son nez (1937), et se nomme dans l'agir (1960) :
1937 : L’abbé Lionel Groulx y prononce, le 29 juin, sa célèbre conférence intitulée «Histoire gardienne des traditions», où il déclare : «Qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas, notre État français, nous l’aurons jeune, fort, rayonnant et beau, foyer spirituel, pôle dynamique pour toute l’Amérique française
1960 : Lors de la révolution tranquille « L'état devenait se qu'il faisait » et «se dressait devant l'État fédéral » (Gérard Bergeron). Nous avions donc un État de facto. Et un rapport de force qui se cristallisait.
Ce à quoi va répondre P E Trdueau : « Finie les folies » (la folie étant la souveraineté au bout du parcours de cette dynamique politique d'un État qui se nommait dans l'agir ).
l'État du Québec, c'est exactement ce que les stratèges du mouvement souverainiste ont abandonnés pour partir en quête d'un pays fantasmé. Faisant de ce changement de statut de l'État, un souhait alors qu'il s'agit en réalité d'une sommes, ce que Trudeau et Chrétien avaient bien compris.
Le défi actuel est celui de sortir le projet souverainisme de l'idéal et de le ramener dans le champs de la réalité. Première étape, apprécier correctement les rapport de forces en présence. À chaque fois que j'évoque cette exigence de rigueur, certains ont l'impression que j'annonce le deuil du rêve. En fait, j'espère plutôt sonner le réveil du dormeur.
L'année 2016 sera une année critique pour se doter d'une doctrine politique claire, sans laquelle la confusion consacrera notre impuissance...
À suivre ...
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JCPomerleau