La polarisation gauche-droite et la coalition souverainiste
18 novembre 2007
Le 18 novembre 2007
Certes, le PQ a perdu Laurier-Dorion en mars 2007, mais il a repris Crémazie, perdu en 2003. La situation du PQ sur l'île de Montréal demeure stable, et ce depuis longtemps. Le PQ a surtout perdu des voix, au cours des deux dernières élections, dans les régions où, historiquement, les Unionistes et les Créditistes étaient forts. Malgré la défection de ces électorats, le PQ reste relativement fort dans les régions et les zones où il s'était enraciné entre 1970 et 1976. Avec plus d'un million de voix et presque à égalité avec l'ADQ, le PQ n'est pas un parti à l'agonie. Je crois qu'on devrait s'inquiéter de la baisse de la participation électorale chez nous. C'est un indicateur de la vitalité de notre système politique.
La polarisation gauche-droite à laquelle on se réfère ici est la conséquence des politiques néo-libérales que le Québec connaît depuis les années 80. Cette polarisation n'est donc pas nouvelle. Ce qui est nouveau, et que les élections de 2003 et 2007 révèlent, c'est l'affaiblissement de la polarisation fédéralisme-souveraineté qui se superposait à la polarisation sociale. Jean-Herman Guay l'a analysé au lendemain de la défaite électorale de 2003. En fait, depuis 1994, quand Jacques Parizeau a pris le pouvoir, le PQ jouissait de l'initiative historique: il l'avait perdu en 1985. C'est la perte de cette initiative qui fait vraiment mal au PQ, et non la présence sur la scène politique de tiers parti comme QS, les Verts et, bientôt, de petites formations indépendantistes.
La sociologie électorale, comme celle que pratique Pierre Drouilly, offre des explications plus solides, à mon avis, que les a priori des militants souverainistes qui appuient leurs arguments sur l'addition des voix qui ne sont pas allés au PQ. Les stratèges qui entouraient André Boisclair parlaient avec mépris des électeurs QS et Verts en les qualifiant de «parkings», comme si ceux et celles qui votent QS et Vert devaient des comptes au PQ plutôt qu'à leur conscience. Les choix politiques ne sont pas monopolisables.
J'ai participé avec le RIQ à promouvoir l'idée d'un Pacte indépendantiste; j'ai même fait campagne au sein du mouvement ouvrier sur cette question, en appelant par mes écrits la convocation d'États généraux du mouvement ouvrier pour en débattre. Malgré les efforts de nombreux militants souverainistes favorables à une entente entre QS et le PQ, André Boisclair est resté de glace et a refusé cette approche en fermant la porte à toute entente avec d'autres formations souverainistes.
Soyons francs, il n'y a pas un facteur plus qu'un autre qui puisse expliquer l'état dans lequel se trouve présentement le mouvement souverainiste. Des États généraux sont souvent suggérés pour démêler l'écheveau des questions soulevées dans les débats qui agitent le mouvement depuis 1995. C'est une idée à laquelle je souscris, cependant je ne sens pas d'enthousiasme chez les souverainistes pour la concrétiser. Peut-être que le temps viendra à bout des résistances qui retarde ce projet.
Gordon Lefebvre