Le PQ au pouvoir n’aide pas l’avènement de l’indépendance
14 novembre 2008
@ M. Pierre Bouchard
Pourquoi préjuger que la défaite de notre cause sera la conséquence de notre victoire. Du moins de celle du PQ de Madame Marois ? Pourquoi penser que l'Histoire ne fait que se répéter ? L'Histoire ne se répète jamais. Ainsi, rien ne permet de penser que cette fois ne sera pas la bonne. Tout au contraire pourrait nous inciter à être aussi espérant que vigilant.
Pourquoi ? Parce que l'histoire ne se répète jamais. Parce que M. Parizeau continue d'appuyer le PQ de Madame Marois. Je fait confiance à ce grand stratège. Jamais il ne lui accorderait son appui s'il ne pensait pas que quelque chose de bien puisse advenir avec cette Histoire qui avance, forte de nos expériences passées.
Rien n'est pareil.
Il y a quelque chose de fort qui se mobilise et qui bouge. Le Bloc était promis à l'effondrement. Il n'y a pas une semaine on croyait encore ce que l'on tente de nous faire croire, le PLQ seraient réélu haut la main, voire même emporterait la majorité. Les sondages montrent aujourd'hui que cette majorité n'est que mirage. Si la tendance ne se renverse pas, mais s'avère, c'est au renversement des canadianisateurs que nous assisterons. Cela m'enthousiasme et me soulève.
Le mépris n'aura qu'un temps. Et le temps, c'est maintenant !
Comment en ces circonstances penser que rien ne pourra advenir de cette résurgence militante. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Le PQ ne gagnera pas tout seul, mais bien parce que nous l'aurons appuyé. En Bloc. C'est le temps de le faire. Je constate que vous le ferez. Fort bien ! Mais il faut aussi emporter l'adhésion des autres. Est-ce la bonne manière de le faire si on en est presque dépité ?
Je ne le crois pas.
Vive l'indignation : la mort de la colère.
Vous parlez d'indignation. J'en suis. Ce qui n'est pas de la colère. La colère c'est autre chose. C'est l'expression explosive et temporaire d'un sentiment d'impuissance qui ne trouve pas de chemin politique pour s'incarner dans une lutte, dans une stratégie réfléchie et efficace de longue haleine.
L'indignation a la même constance que ce qui la provoque. Elle perdure tant et aussi longtemps que les indignes canadianisateur nous prive de notre dignité d'être, dans l'État, peuple démocratique et souverain.
J'ai tenté de m'en expliquer dans un titre qui tente de répondre à cette romantique explication de l'Histoire, dans un précédent titre. Réplique à Dominic Desroches - L’apologie douteuse de la colère comme principe politique de libération - Tribune libre - 2008 11 14
Je constate qu'elle porte. Malheureusement mes craintes étaient justifiées. Elles trouvent dans votre langueur la pire des conséquences. Oui, le Canada manoeuvre fort bien. Comment nous en étonner ? Il est notre adversaire. Il nous attaque avec insistance, mais en prenant bien soin de ne pas solliciter notre colère. Pour le moment, car il pense nous endormir. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Quand il a suscité notre colère, c'était pour mieux l'instrumentaliser pour nous achever. Il l'a fait avec la Révolte des Patriotes, il l'a fait en infiltrant le FLQ, nous ne posions pas de bombes, les forces occultes canadianisatrices le faisaient sans nous, pour nous contrer. Y avons-nous gagné au change. Non. Jamais. Y gagnerions-nous maintenant, je ne crois pas. Car, ce que redoute le plus les canadianisateurs, c'est le calme et patient entêtement du Québec, du peuple démocratique, pacifique et souverain du Québec, à résister. Ce peuple n'a pas, n'a jamais adhéré au Canada de la Conquête. Il n'a pas et n'adhère toujours pas au Canada unilatéral du statut quo, jamais soumis à l'approbation du peuple souverain du Québec. Il n'y adhèrera jamais en l'état.
C'est l'impasse pour le Canada, son seul espoir étaient que l'endormissement fonctionne. Après que l'écrasement de la colère eut fonctionné. Il a longtemps provoqué cette colère parce jamais il croyait que toutes contraintes, baffouement, ne parviendrait pas à la faire se manifester. Il ne peut plus maintenant ce faire, il ne peut plus même susciter le moindre agacement. Ça ne passe plus. C'est notre victoire.
Nous sommes maintenant, dans le calme, en train de prouver que l'endormissement n'est qu'un illusion, qu'un rêve que rêve un Canada endormi. NOUS, nous sommes éveillés. Une militance active est éveillée au possible, elle est aux aguets, comme jamais, et elle dispose d'outils pour se manifester, Vigile en est un. L'information circule, comme jamais. Y compris le découragement, ou le doute, il faut donc s'obliger à plutôt opposer la confiance. La confiance que nous avons dans la sagesse, la vigilance, le résilience, la force, de ce peuple souverain du Québec. Elle ne date pas d'hier et ce n'est pas aujourd'hui ni même demain qu'elle lâchera prise. Et, ce n'est pas la colère évacuée qui serait l'aulne auquel se mesurerait notre réfractaire désir de ne pas adhérer au Canada actuel d'un statut quo aussi entêté que stupide.
« J’ai bien peur que Pauline Marois fasse plus de tort que ses prédécesseurs si elle accède au pouvoir. J’ai bien peur qu’elle accélère notre mort lente, en toute inconscience. »
Cette peur n'est pas fondée. Si elle l'est, elle n'est fondée que sur la propagande canadianisatrice qui voudrait couper le Parti québécois des forces vives de la souveraineté, en droite ligne avec cet argument qui ferait de la souveraineté une affaire dépassée de vieillards vieillissants, coupés de la jeunesse. Or, cette cause n'est pas dépassée. Or l'action actuelle est tout ce qu'il faut pour parcourir les quelques pas de la longue marche du peuple souverain du Québec vers l'État qu'il espère. Les forces vives doivent s'unir dans l'allégresse. Les canadiansiateurs n'espère que ça, faire passer le Bloc pour dépassé, « même pas assez souverainiste »... C'est de la propagande. « Le PQ n'est pas assez souverainiste », c'est de la propagande canadianisatrice démobilisatrice.
La seule expression de cette propagande suffit à démontrer l'enthousiasmant blocage auquel font face les canadianisateurs. Ils pensent que nos militants seront épuisés après la campagne du Bloc, ils veulent nous prendre de court.
Élisons sans peur et sans reproche le PQ. Parlons de souveraineté. Mobilisons notre enthousiasme perdu à même ce qui se présente à nous, à même la réalité du ici et du maintenant. Une fois élu, ne démobilisons pas. Résistons à la crise économique. Dénonçons les canadianisateurs. Exigeons un État qui émane du peuple. Un État autre que le Canada actuel, qui lui n'émane pas du peuple. Cet État-là, cet État du peuple démocratique et souverain du Québec est à notre portée. Avec force enthousiasme il faut maintenant s'en emparer. Le PQ élu avec la plus enthousiaste majorité, unité souverainiste à l'appui, est la condition première du dépassement auquel nous somme aujourd'hui convié. Un tel enthousiasme portera fruit une fois élu le PQ. Le contraire, la morosité, ne pourra engendre que la morosité que le défaut d'enthousiasme. Cet enthousiasme doit d'abord émaner du peuple, pour ce faire il doit émaner des militants. Il ne faut pas attendre que l'enthousiasme vienne d'en haut pour qu'il descende vers la base. Il faut qu'il monte de la base, emportant avec lui le haut. C'est ça la force et le pouvoir du peuple. C'est lui qui gouverne. C'est à lui de gouverner. Nous sommes le peuple.
Nous sommes le peuple souverain du Québec.
Nous sommes le peuple souverain du Québec enthousiaste à la perspective de le voir bouter hors du gouvernement un Premier ministre canadianisateur démissionnaire. Nous sommes le peuple et nous le mettrons au chômage de l'Histoire. C'est nous le peuple qui mettons au pouvoir le PQ. Ce sera nous le peuple souverain qui mettra au monde l'État que ce peuple espère émaner de lui et non plus imposé d'autorité par la force d'inertie du statut quo. Le statut quo est mort. Il se meurt avec l'élection du PQ, il meurt avec le peuple souverain qui prend la parole et impose les actions qui s'imposent.