La réduction d'une langue: Anglaid
9 mai 2009
M. Sylvain Racine s'empresse de mépriser les Québécois qui seraient colonisés au point de ne pas être capables de fonder l'État souverain qu'ils désirent, se contentant de haïr des Anglais.
C'est faire peu de cas de deux éléments essentiels de la donne.
- De un, le Canada s'impose d'autorité et de force unilatérale depuis 250 ans cette année. Oui, nous avons été Conquis, puis colonisés, traités comme une Colonie sous tutelle militaire, politique, économique, sociétale et culturelle d'un Empire monarchique de droit divin, sans jamais que cet État ne se soumette nommément aux voix libres et démocratiques de la volonté libre du peuple souverain du Québec. Le Canada est l'héritier direct des États qui se sont sans rupture succédés depuis et jusqu'à aujourd’hui via le rapatriement unilatéral de la Constitution de 1982 rejeté par l’Assemblée nationale du Québec et jamais non plus nommément soumise aux voix du peuple souverain du Québec.
- De deux, cet État du Canada imposé de force et d'autorité profère des menaces de représailles économiques, politiques, sociétales et culturelles quand il est soumis aux voix du peuple souverain du Québec la démocratique fondation de l'État souverain qu'il espère.
Les anglophones ou tout autre observateurs qui oublient ce fait s'empressant de mépriser le peuple démocratique, pacifiste et souverain du Québec insultent les Colonisés que nous sommes, et par là ne se grandissent pas en nous rabaissant ainsi.
Oui nous avons été par la force des armes, dans l'incendie, le bombardement, le pillage et le meurtre, colonisés, nous sommes toujours sous tutelle unilatérale contre notre gré et sujet de constantes menaces de représailles proférées sans retenues tout en se prétendant libre d’adhérer à ce qui est un enfermement abusif et débilitant.
Comme si on pouvait à bon droit, à l'époque de l'esclavage des noirs aux États-Unis, blâmer les esclaves de ne pas s'affranchir alors que le pouvoir en place les menaçait de toutes sortes représailles, les faisant fugitif à vie ou obligés de quitter le pays. Le Québec tout entier ne peut déménager hors le continent pourtant. A-t-on idée de considérer le statut d'esclave comme une insulte aux esclaves supposés trop lâches pour s'affranchir ? Voilà ce que l'on fait en brandissant notre statut de colonisé comme une insulte qui se retournerait contre nous de surcroit en plus qu’il nous faille subir la tutelle. Comme si la victime en était responsable, comme si l’abuseur n’avait pas de responsabilité. Comme si l’existence même de la femme justifiait le viol.
Et... dans ce processus d'affranchissement, il n'est pas question d'haïr les anglais. Et, s'il est question de détestation, il est question d'haïr l'impérialisme anglais, le colonialisme anglais la tutelle anglaise, l’abus d’autorité des autorités anglaises aujourd’hui canadiennes. Ce qui est à distinguer des « personnes » d'origine anglaise ou descendants des anglais, ce qui est à distinguer des anglophones qui ne partagent pas ce colonialisme qui se déploie toujours contre nous et contre nos voix.
Manifester de l'amitié pour eux ne veut pas dire qu'il faille abonder dans le dénigrement de ce que nous sommes pour autant cependant. Se dissocier du colonialisme anglo ne consiste pas seulement à parler français au Québec et favoriser son apprentissage par les anglais de l'extérieur du Québec.
On pouvait vivre dans un pays esclavagiste tout en se dissociant de cette pratique et politique, mais nul ne pouvait ce faisant en profiter pour blâmer les esclaves de ne pas s'affranchir pour autant.
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