Haïti, la perle des Antilles, ce 11 juillet 1825,
18 janvier 2010
Merci de ce survol historique qui a le grand avantage d'être simple et clair.
Moi qui ai vécu quelques mois en Haïti au début des années '70, je peux témoigner des ravages du colonialisme puis de l'impérialisme américain, mais aussi d'une sorte de fatalisme après tant de déboires historiques.
J'ai aimé ce peuple d'instinct et ce, dès mon arrivée là-bas. Malgré la misère ambiante, flottait dans l'air une sorte d'anarchie divine qui me semblait tout remettre en perspective, et ces sourires et cette poésie et ces merveilleux artistes qui vous offraient leurs sculptures ou leurs peintures naïves pour presque rien.
Et pourtant, j'ai vu de mes yeux vu des grosses pétasses de branlieue négocier le prix d'une oeuvre et se vanter le soir, en gogounne autour de la piscine, de ne payer que quelques misérables gourdes pour une oeuvre que monsieur l'Haïtien avait mis des semaines à sculpter de ses mains nues ; et j'ai vu aussi certains bons travailleurs syndiqués de la Baie-James descendre là-bas après une run de deux mois et se vanter odieusement d'avoir eu une p'tite plotte de douze ans, une pas d'poils pas cher comme ils les nommaient, et considérer ce pays avec un tel mépris que j'en avais envie de vomir.
Mais j'ai vu aussi le paradis, un peuple et un pays tout à fait merveilleux, extraordinaire, les gitans d'Amérique comme je les appelais, un peuple avec une vieille âme si je puis dire, un peuple que rien ne semblait pouvoir contaminer vraiment, même pas la prostitution de leurs filles comme si, une fois l'Amérique blanche vidé de ses chromosomes, elles redevenaient aussitôt plus propres que les résidants javellisés des banlieus bleu et roses de Laval ou de Los Angeles.
Je veux dire que l'Amérique a une immense dette envers ce pays, et que l'heure est maintenant venu de la payer.
André Vincent