Souveraineté : Du conservatisme au libéralisme... au cul-de-sac
25 décembre 2018
Alexis de Tocqueville et le Bas-Canada en 1831
par Corbo, Claude
L’élite le laisse songeur; selon lui dans les « classes éclairées », la tentation de l’assimilation aux Anglais est déjà présente : « beaucoup […] ne nous ont pas paru animés au degré que nous croyions, du désir de conserver intacte la trace de leur origine, et de devenir un peuple entièrement à part. Plusieurs ne nous ont pas paru éloignés de se fondre avec les Anglais (NOTE 5) ».(...)
Très certainement, Tocqueville est profondément ému et heureux de retrouver au Bas-Canada une population française de langue, de tradition et de culture, qui apparaît profondément attachée à son identité, qui est portée par une démographie généreuse et qui semble résolue, malgré une conscience politique qui ne s’affirme pas toujours très explicitement, à demeurer elle-même.(...)
Au sortir de sa visite au tribunal de Québec, le 26 août 1831, Tocqueville formule, en contrepoint à toute la joie qu’a pu lui procurer la découverte du Bas-Canada, un propos qu’il ne désavouera pas par la suite et dont plusieurs nations, dont celle du Québec, ont pu apprécier la portée : « Je n’ai jamais été plus convaincu qu’en sortant [de ce tribunal] que le plus grand et le plus irrémédiable malheur pour un peuple c’est d’être conquis(NOTE 10). » Le 29 août, il croit possible un « réveil » de ce peuple; cependant, tout sera perdu si les classes supérieures ne jouent pas leur rôle et s’abandonnent au « mouvement anglais ». Trois mois plus tard, le 26 novembre, son inquiétude pour l’avenir de la francophonie nord-américaine et du Bas-Canada se réaffirme : « Je viens de voir dans le Canada un million de Français braves, intelligents, faits pour former un jour une grande nation française en Amérique, qui vivent en quelque sorte en étrangers dans leur pays. Le peuple conquérant tient le commerce, les emplois, la richesse, le pouvoir. Il forme les hautes classes et domine la société entière. Le peuple conquis, partout où il n’a pas l’immense supériorité numérique, perd peu à peu ses mœurs, sa langue et son caractère national(NOTE 11). »
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