Quelle est la différence entre «nègre» et Canadien français?
4 juillet 2023
Bonjour M. Bélair,
Je réalise aujourd’hui, et ce, plus que jamais, que nous sommes manipulés : nous sommes politiquement manipulés, écologiquement manipulés, économiquement manipulés, spirituellement manipulés, etc. Le manichéisme nous obsède : le bien et le mal nous font vivre en permanence dans le doute. Vivons-nous? Oui, nous vivons dans un doute, nous vivons dans le doute : nous doutons tout le temps. C’est le propre de l’humain.
Oui, quelle question existentielle que la vôtre?
En 1976, lors de l’élection du PQ, j’ai ressenti un vrai sentiment de fierté : j’ai eu ce sentiment très fort que nous (les «petits» Québécois), maintenant, nous existions! Comme si avant ce moment historique, nous survivions sans vraiment «être». Qu’avant l’élection de ces politiciens indépendantistes (mes politiciens à moi), nous étions pour disparaître comme «peuple français», francophone!
Mon nationalisme était exacerbé : il fallait se sauver, sauver notre peuple, le sauver de l’assimilation, de la mort : c’était vraiment une question de vie ou de mort. La manipulation que le discours politique avait réussi à m’inculquer, à inculquer fortement dans mon cerveau, dans mon esprit, c’était celui-là : le «Québec libre» était une question existentielle de vie ou de mort. La «fierté» d’être une «identité politique» était vitale! Sans cette étiquette politique acquise une fois pour toutes, je n’étais pratiquement rien; à nouveau et éternellement conquis, peuple perdant, peuple esclave à jamais.
Le respect (l’amour que nous devons nous porter, toutes et tous, individuellement) m’est alors apparu comme l’essentiel, l’essence vitale de tout être, de tout étant. Il n’y avait plus de discours politique : je devais me respecter dans mes talents, mon être, mes capacités de personne, au-delà mon identité politique. Autant avec mes failles, mes lacunes, mes vices, que mes attributs. Je n’étais plus ou je n’étais pas le PQ, ou un parti politique : j’étais une personne d’abord, et finalement une personne, un individu : une personne qui ne se divise pas, point. Je n’étais pas un gang!
Cette pénible découverte de mon individualité personnelle, cette difficile prise de conscience m’a bousculé dans mes convictions à en rester pantois : ma fierté est devenue de l’orgueil! Et quand on me traite aujourd’hui d’orgueilleux, je suis insulté, blessé! Comme n’importe qui, aujourd’hui, maintenant, lorsqu’on m’insulte je bombe le torse! J’aime l’humilité comme vertu, mais je déteste l’humiliation. Et je pense à ma mère qui m’a tellement incité à développer mes talents, ma personnalité, à marcher droit, la tête haute, à regarder le faîte des arbres comme lui avait enseigné sa tante Louisiana, etc. à être fier de moi, de mes réalisations, de mon actualisation. Oui, j’en demeure pantois!
Et je place devant moi tous ces «grands» nationalistes et je les regarde dans les yeux afin de les interroger : «Étiez-vous sincères et en même temps, trop sincères dans vos convictions?»
Je suis indépendantiste dans l’âme, mais je m’interroge sur le nationalisme : est-il un danger?
Oui, dans mon âme de québécois, je suis indépendantiste : c’est à cause de ma langue parlée, le français. Mais devrais-je mourir pour elle? NON!
Je refuse de mourir à cause des autres qui m’humilient, mais je refuse aussi de mourir pour une cause qui me fait perdre l’équilibre du bon sens. Et alors je pense à ces bouddhistes et leur vérité que rien n’est permanent; et je pense à ce Darwin qui m’a prouvé que la vie est un combat…
Je réalise de plus en plus que l’Humain n’est qu’un animal comme les autres; il n’est pas d’essence divine ni diabolique d’ailleurs. La raison doit toujours se marier avec l’émotion afin de tenter de maintenir cet équilibre précaire.
Je n’ai pas de titre, ni docteur, ni philosophe, ni sociologue; je n’ai donc aucune reconnaissance; je suis seul à me sauver… (encore ma mère qui comme Socrate, qui n’a rien écrit, mais m’a tout enseigné par ces courtes réflexions issues des épreuves de sa vie)
Le débat sur notre émancipation en pays du monde devient de plus en plus émotif et, il faut le dire, dangereux; les politiques fédérales sont grandement responsables de cet état de fait. Mes nos politiciens d’antan ont aussi leur part de responsabilité. Et nous dans tout ça, ne voulons-nous pas vivre en paix et non en guerre? Moi je choisis maintenant la paix et je demande à mes politiciens de faire leur travail en ce sens et celui du respect des gens de toute allégeance et provenance. Je refuse la radicalité afin d’assurer aux générations suivantes ce respect de leur être.
Il faut sortir de cette ornière infernale qui depuis des siècles nous enferme dans de viles considérations de vie : l’existence doit nous sortir de la peur de l’autre parce qu’il est différent de nous. Si nous sommes si fins que ça, il faut apprendre de nos erreurs, des erreurs de nos ancêtres aussi grands furent-ils.
Je pense ça de ce débat sur le «Québec Libre», ce coin de «pays» abandonné d’antan par ceux-là mêmes qui sont la source de notre existence. Oui, c’est ce que je pense maintenant.
Merci de m’avoir mis en face de ce débat qui ne cesse de vivre en nous; je veux cesser de chanter du "négro spiritual".
François Champoux, Trois-Rivières