Notre démocratie il y a 150 ans
15 octobre 2014
Merci beaucoup, Me Néron, pour ce rappel historique. À la veille du 150e anniversaire de la "Confédération", alors que le gouvernement Harper nous inonde de sa propagande des Conférences de Québec et de Charlottetown à même les impôts et taxes que nous sommes condamnés à payer à Ottawa et devant la progression de l'idée de l'assemblée constituante pour définir l'avenir de notre nation, il importe de réaliser combien nos institutions n'ont de démocratique que le nom et que les fédéralistes n'ont absolument AUCUNE leçon de démocratie à nous faire.
C'est fou ce que ces déclarations des politiciens de 1865 nous démontrent que rien n'a vraiment changé dans nos institutions politiques. Le parti au pouvoir est toujours aussi suffisant par rapport au peuple qu'il prétend représenter et les arguments justifiant leur absence d'appel au peuple sont aussi fallacieux.
Avec un Canada aussi dysfonctionnel dans lequel nous nous reconnaissons de moins en moins et un Québec qui, faute de consensus populaire, est offert en pâture à l'Oligarchie marchande en guise de gouvernement par défaut, il y aurait tout lieu pour la société civile québécoise de se réveiller avant notre disparition pure et simple. En fait, c'est au sein du Parti québécois que cette réflexion devrait se poursuivre (après celle des États généraux de la souveraineté qui ont abouti au rassemblement destiNation et à la fusion des forces vives indépendantistes qui a résulté à la création des Organismes unis pour l'indépendance) si ce parti est sérieux envers la réalisation de l'indépendance. Le choix du prochain chef ne changera rien si le parti et ses membres ne reconnaissent pas la nécessité de rompre avec un cadre constitutionnel qui n'a aucune légitimité au Québec.
Pour revenir en 1865, les opposants à la "Confédération" avaient deux blocages majeurs: l'emprise de l'Église catholique sur la population francophone (qui avait pris le relais aux Patriotes depuis l'imposition de l'Acte d'Union en 1840) et l'imposture constitutionnelle dans laquelle se trouvait le Bas-Canada depuis l'Union. L'Église maintenait, à cette époque et jusqu'au tournant des années 1960, une hégémonie dans l'information comme le font Gesca et Québecor aujourd'hui. Et, depuis 1840, la députation des deux Canadas (Bas et Haut) siégeait dans un seul et même parlement à Ottawa. Le Bas-Canada (le Québec aujourd'hui) et le Haut-Canada (Ontario) ne constituaient que deux districts électoraux. Entre 1840 et 1867, le Québec n'avait aucune entité politique propre et encore moins autonome. Notre volonté était subordonnée à celle de la majorité anglophone constituée du Haut-Canada et de la minorité anglophone du Bas-Canada.
D'ailleurs, toutes les constitutions depuis 1763 ont été imposées par le Parlement britannique. La formule d'amendement et la charte des droits et libertés de 1982 l'ont été par Pierre-Elliott Trudeau et les premiers ministres des provinces à part le Québec. Aucune surprise là-dedans: le Canada est une monarchie constitutionnelle où tous les politiciens n'ont d'allégeance qu'envers la reine d'Angleterre. À preuve, même les députés de l'Assemblée nationale continuent à prêter serment à Elizabeth II.
Malheureusement, malgré tous les reculs depuis 1995, le Parti québécois n'a qu'une seule et unique ambition, qui passe même avant sa raison d'être: la prise ou la reprise du pouvoir PROVINCIAL. Avec l'effritement incessant de la coalition qui a failli réussir à faire le pays il y a près de 20 ans, l'emprise des fédéralistes sur l'information, l'économie et l'immigration et le vote massif des non-francophones pour le PLQ, il y a fort à parier que le PQ cherchera davantage à séduire les nationalistes mous de la CAQ et solliciter essentiellement un ènième mandat de "bon gouvernement" provincial en 2018 qu'à remettre l'indépendance au cœur de son programme et de son action politique. Il cherchera d'abord à se constituer une crédibilité économique et environnementale pour y arriver. Sa véritable réflexion d'ici la prochaine élection sera de trouver un nouveau subterfuge pour duper les "purs et durs" sans compromettre les chances d'élection.