Les deux minutes du peuple
14 juillet 2008
Mme Saulnier,
Cela peut être vexant pour qui pare ses articles d'une égale rigueur (que j'admire) de voir que certains propos, à gauche et à droite, peuvent enfreindre les règles de la bienséance. On n'y peut rien et j'espère que cela ne minera pas vos convictions indépendantistes. Il y a plus d'un style, plus d'un tempéramment parmi ceux qui expriment leurs sentiments ou leur indignation. Il en sera toujours ainsi et, personnellement, ce n'est pas mon combat.
Le rôle de GG est par nature rétrograde et pré-démocratique sur le plan des institutions. Il subsiste comme un symbole de l'arbitraire dans les pays qui n'ont pas achevé leur révolution démocratique. Que ce poste archaïque reprenne du poids politique, parce que sa titulaire sort du rôle de potiche dans lequel elle devrait se satisfaire de «briller», reflète le caractère très caricatural de la démocratie canadienne. L'indignation que peut soulever cette remise en scène de la monarchie comme acteur politique est justifiée. Il est également prévisible que cette indignation soit multiforme et qu'elle soit parfois passionnée.
Michaelle Jean a été habilement nommée par le kingmaker du Canada, celui qui nomme par milliers juges et membres des tribunaux administratifs, présidents des sociétés de la Couronne, GG, LG, ministres, chefs des comités parlementaires, etc. Elle a été nommée pour servir et perpétuer l'ordre politique qui l'a mise là. Elle le fait avec zèle. Or, il n'y a aucun honneur pour un citoyen acquis aux valeurs démocratiques à se faire nommer vice-roi ou vice-reine. Faute de croire sincèrement à la monarchie, on le fait parce qu'on est rongé par l'ambition et sans principe. Mais, dans un cas comme dans l'autre, l'épithète de duvalieriste convient à merveille dans le sens ou Duvalier exercait un pouvoir politique sans légitimité populaire. Accepter un tel poste, pour qui que ce soit, est tout ce qu'il y a de plus réactionnaire.
Le contre-discours politique doit être incisif. Il doit être musclé, convaincant sans manquer de rigueur. Ce contre-discours ne doit pas être confondu avec l'expression désorganisée d'individus qui contribuent à un ou à des sites internet, aussi utiles soient-ils. Le contre-discours a besoin d'une organisation politique, comme d'un foyer. Le PI donne l'exemple de ce que peut devenir un centre permettant de générer un discours politique conséquent. Le ton de ses interventions est ferme, il reste sur le terrain de la politique, pas d'insultes et pas de grossièreté. C'est en faisant grandir ce contre-discours politique qu'il sera possible de contrer Michaelle Jean le jour ou elle pourrait vouloir remplacer Jean Charest. Pour l'instant, il serait bien difficile de contrer le charme de la jolie princesse. Contre l'enjôlement des réactionnaires il y a toutefois un remède. Malheureusement, ceux qui avaient le mandat de l'utiliser l'ont laissé pourrir dans la pharmacie depuis 13 ans.
GV