Trouver LA solution
16 octobre 2008
L'évolution naturelle d'une nation annexée depuis 250 ans c'est sa folklorisation, son assimilation, sa désintégration. Le mouvement en ce sens s'opère sous nos yeux et rien dans le discours politique des souverainistes québécois n'est de nature à inverser cette tendance lourde. Toutes les statistiques pertinentes le confirment, poids démographique et poids politique en tête.
La dernière campagne électorale ne vient rien changer à la donne. Elle ne fait que confirmer et continuer la tendance. Tout le discours du Bloc québécois est en effet un discours admissible, conforme, acceptable et en phase avec le fédéralisme. Les divergences exprimées par M. Duceppe ne portent que sur les politiques particulières, parfaitement gérables dans le cadre canadien.
On ne peut certes pas bouder notre plaisir de voir cinquante députés du Bloc élus encore une fois. La victoire sans grand éclat du Bloc est certes d'un certain réconfort. Il ne faut toutefois pas en exagérer la portée, ce que beaucoup semblent faire sans trop de retenue. Aux yeux de certains, on y verrait presque le début d'un momentum, le début d'une offensive, le début de... quelque chose. Sans jouer les rabat-joie, il faudrait toutefois pour m'en convaincre me montrer là où point la nouveauté. Pour l'instant, je ne vois rien venir.
Le rôle du Bloc sera, au mieux, de ralentir la vitesse avec laquelle nous reculons. C'est tout ce qu'il a pu faire jusqu'à présent et il ne fera pas davantage cette fois-ci. Oubliez l'expression par trop optimiste de «police d'assurance»: en démocratie, c'est la majorité qui décide, soit la nation majoritaire.
Le sort et l'évolution naturelle d'une nation annexée c'est de reculer sur tous les plans. À cela, le Québec ne fait pas exception. Le recul peut être cyclique, son rythme peut varier mais la direction historique ne s'est jamais démentie en 250 ans.
Pour que la direction historique change il faudrait un effort considérable, soutenu par des idées politiques libératrices. Le discours libérateur est malheureusement absent, le Québec agace ou fruste bien sûr le Canada mais il ne se donne pas les moyens d'aller au-delà. La nation annexée s'agite mais elle demeure semble-t-il incapable de penser et d'exprimer sa libération. Dans ce contexte, ce que M. Bousquet nous propose est une utopie. Une utopie qui paraît raisonnable parce que largement partagée. L'utopie argumentée de ceux qui se refusent à la fois de penser notre libération ou notre extinction. Comme la masse de nos compatriotes, la dureté du choix, la rareté des options le repousse et il ne peut se résoudre ni à l'un ni à l'autre. Il ne faut pas trop blâmer M. Bousquet; tant qu'un discours indépendantiste articulé ne viendra pas clarifier les enjeux (si jamais!), la masse de la population ne voudra jamais prendre position ni pour l'un ni pour l'autre.
GV