Reprendre le flambeau !
6 janvier 2009
@ M. Gaston Boivin
Vous posez très bien le problème, et celui qui concerne l'emploi de la force armée et celui qui concerne l'usage de la contrainte politique, étatique, et culturelle par le Canada à notre encontre. Que faire face à la contrainte politique ou armée déployée contre le peuple démocratique, pacifiste et souverain du Québec ?
Vous concluez cependant un peu vite en parlant du fait que nous n'avons pas riposté dans chacun des cas que vous citez. De plus, vous confondez violence armées et physique et violence psychologique ou institutionnelle, vous mettez sur un même pied violence armée et coup de force. Cette confusion n'a pas lieu d'être.
Que devons-nous faire si... ?
Que devons-nous faire si le Canada sort l'armée des casernes et occupe le Québec ? Avant de répondre à cette question il faut d'abord répondre à la question suivante. Que devons-nous faire avant que l'armée de l'État du Canada occupe le Québec ? Que je sache, il n'est pas question de voir les armées du Canada sortir de leurs casernes. Pourquoi n'en est-il pas question ? Parce que pour cela il leur faut un prétexte, une menace armée, ou des troubles sévères. Est-il question de menace armée ? Non, nous nous y refusons. Est-il question de troubles et d'anarchie ? Non, le peuple souverain du Québec désire fonder un État valide qui émane de lui, dans l'ordre et la loi du peuple démocratique, pacifique et souverain.
Vous dites que le rapatriement unilatéral est un acte de guerre. En fait vous tentez par là de justifier le recours à la force armée. Faudrait savoir 1? Vous êtes pour ou contre une réplique armée aux coups de forces quelqu'ils soient, armés ou politiques. Vous dites que vous êtes contre. Fort bien.
Si nous n'avons pas répliqué de façon militaire à l'imposition d'une Constitution rejetée par le peuple souverain du Québec, cela ne veut pas pour autant dire que nous avons malgré tout pas répliqué et que nous ne répliquons pas tous les jours. Le Canada ne passe pas. Il est répudié, c'est une évidence politique. Il n'obtient pas l'approbation du peuple du Québec. Le Canada ne peut obtenir nommément et démocratiquement la validation de sa Constitution par le peuple souverain du Québec. Nous reste à incarner dans l'État, ce refus du peuple souverain du Québec. Voilà ce qu'il nous faut faire. Il faut en appeler nommément aux voix du peuple. La seule opposition de l'Assemblée nationale ne suffit pas. L'Assemblée nationale n'émane pas du peuple souverain. Du moins elle n'est qu'une composante de l'État du Canada, qui lui est répudié par le peuple souverain du Québec, tout ce qu'elle incarne dans l'État est tout aussi invalide que l'État du Canada lui-même. Voilà pourquoi tout ce qu'elle pourra faire reste sans effets. En appelant le peuple du Québec à se nommément prononcer pour invalider l'État actuel du Canada, c'est tout autre chose qui est convoqué. Voilà une réplique congruente. Dans l'attente de cette consultation qui renverse de manière radicale le paradigme canadien, il n'empêche que notre réplique politique est tangible. Le Canada n'est pas valide sur le territoire du Québec parce qu'il n'est pas approuvé par le peuple du Québec. Cet État du Canada est fragilisé par la question du Québec. Il n'a pas les coudées franches.
Comme vous le dites, le Canada est passé maître dans l'art de la fabrication du consentement, cela parce qu'il contrôle les médias, les institutions, et l'essentiel des fonctions de l'État. Or, même doté de tous ces leviers, il ne l'obtient pas ce consentement. Il n'obtient que l'illusion du consentement. Tout son édifice est fondé sur l'illusion que nous adhérons au Canada parce que nous n'adhérons pas maintenant à l'État souverain du peuple souverain du Québec. Les souverainistes contribuent à cette illusion en ne soumettant pas aux voix du peuple pour l'invalider, la Constitution actuelle du Canada. René Lévesque s'y est refusé. Il n'avait plus la force. C'est une erreur grave me semble-t-il, mais une erreur qui n'est pas irréparable. Il est toujours temps de le faire. Cette invalidation du Québec serait la fin du Canada actuel. Ce serait la fin de la fabrication d'une illusion qui dès lors volerait en éclat. Un Canada répudié officiellement, nommément et démocratiquement par le peuple souverain du Québec permet de détruire la fabrication actuelle d'une réalité falsifiée qui laisse entendre que le Canada est validé par le fait que n'est pas fondé l'État souverain du Québec.
Le Canada marche sur des oeufs. Sa marge de manoeuvre est fort mince. Il est tout sauf fort. Il bombe le torse, mais sa supposée force ne repose que sur les menaces qu'il déploie pour empêcher la fondation de l'État souverain du Québec... Il ne parvient qu'à se bloquer lui-même dans un statu quo de blocage. Lui-même n'a pas été fondé par le peuple souverain. S'il était mis aux voix, il n'obtiendrait pas l'appui du peuple souverain, comment pourrait-il alors se dire plus valide que l'État souverain du Québec, qui lui ne l'est pas ?
Cette riposte du peuple du Québec qui refuse le Canada actuel, fait du Canada un pays en sursis. C'est lui qui nous craint. C'est lui qui nous craint et qui craint l'expression de la volonté du peuple du Québec, celle qui voudrait fonder pour lui un État qui émane de lui, un État doté des pouvoirs utiles, un État qui met fin au gaspillage et aux dédoublements étatiques et politiques. Cet État n'est pas l'État du Canada actuel. Le rapport de force dont vous parlez il est là et il est bien présent. Il le sera davantage lorsque les souverainistes appelleront le peuple souverain du Québec à se nommément prononcer à cet égard, à l'égard de la Constitution actuelle du Canada qui ne reconnaît même pas l'existence du peuple du Québec.
Dans ce contexte, je vois mal l'armée sortir dans la rue pour occuper le Québec... Et quand bien même... les chars dans les rues n'ont pas empêché la chute du mur de Berlin. Quand un État n'est pas validé par le peuple, il ne peut indéfiniment s'imposer d'autorité.