Démission du PI
9 novembre 2007
Monsieur Bousquet,
Vous voulez que les indépendantistes se regroupent au PQ? Pourquoi, ceux-ci se regrouperaient-ils au PQ, alors que le père fondateur - même si je considère que René Lévesque fût un très grand chef d'état - n'était pas indépendantiste.
Lorsque vous aurez le temps, allez lire Pierre Godin, dans son livre RENE LÉVESQUE, L'HOMME BRISÉ. L'auteur, à la page 356, rapporte un évènement qui peut vous orienter. De passage à Paris avec Claude Morin en 1997, tout juste avant de livrer un discours important, le chef péquiste confie à son ministre les mots suivants: «JE VAIS LEUR DIRE (aux Français) que ce qu'on veut, c'est une vraie confédération». Claude Morin avait dissuadé Lévesque de dire cela: «N'allez pas dire ça ici, (en France), les Français vont comprendre, mais au Québec, ça va être un tollé!».
Pourquoi René Lévesque ne pouvait-il pas endurer Bourgault, avec son RIN? L'acronyme RIN signifie: Ralliement pour l'INDÉPENDANCE du Québec. Un mot que Lévesque prononçait rarement. Un mot que Bourgault lançait constamment dans ses discours. Le problème a commencé à la fusion du RIN, du RN et la fondation du PQ. L'imbroglio demeure toujours. LE PQ est regroupement de nationaleux plus ou moins nationaleux. Il y a des indépendantistes dans le parti, mais ils sentent marginalisés. Beaucoup ont quitté, à cause de cela.
Depuis ce temps, on se fait charrier avec un PQ qui, selon les saisons, les émotions, les tensions, devient plus ou moins indépendantiste. A la veille des élections, il devient mou. Placé dans l'opposition, il se radicalise pour aller chercher ceux qui ont quitté.
Pierre-Marc Johnson était-il indépendantiste? Non. Il était affirmationniste. Mario Dumont vient de reprendre cette thèse. Et il était dans le camp du OUI en 1995.
Que faisait-il là, s'il n'était pas indépendantiste? Qu'on me réponde à cela?
Jacques Parizeau, à la barre du PQ, a été le seul chef qui a osé dire qu'il misait sur l'indépendance du Québec. En 1994, il avait promis au peuple de poser une question claire: Acceptez-vous que le Québec devienne indépendant en date de...La question a été changée. Pourquoi? Parce que les nationaleux ont repris le contrôle du PQ, Lucien Bouchard par derrière. La question de Parizeau, qui portait sur l'indépendance du Québec, a été remplacée par une question qui ne portait pas sur l'indépendance du Québec, mais sur un mandat de renouveler la Confédération. Personne ne peut contredire cela. Expliquez-moi pourquoi la question référendaire de 1995 a été ainsi modifiée?
La suite des choses est connue. Landry n'était pas indépendantiste. Il était lui aussi confédéraliste. En 2001, il a même dit à Bruxelles qu'il voterait OUI à la question proposée par Bourassa, quelques années auparavant. Bourassa était-il indépendantiste? NON. Si Landry disait qu'il voterait oui à la question de Bourassa, il votait oui à QUOI exactement? Au renouvellement de la confédération, comme Lévesque le souhaitait=? C'est évident! Landry et Bourassa pensaient la même chose, mais était dans deux partis différents.
Lucien Bouchard, fondateur du Bloc québécois, n'était pas, lui non plus, indépendantiste. Conservateur, il voulait que le Québec occupe une meilleure place dans la Fédération actuelle. Dans les Conseils nationaux, il finissait ses discours en parlant de la souveraineté. Mais, sans jamais préciser de quoi il s'agissait.
Quant à Boisclair et Marois, la courte histoire démontre déjà qu'ils s'en vont dans les limbes. Et que ce qui intéresse Pauline c'est de venir la première, Premier Ministre du Québec.
Alors, que faire? Certains prônent la mainmise sur le PQ dans toutes les circonscriptions par ceux qui croient à l'indépendance nationale? Certains ont essayé: peine perdue. Un grand nombre, désabusés, sont partis ou œuvrent ailleurs.
Je ne crois pas que le PQ de Pauline soit indépendantiste. Il est confédéraliste. C'est pourquoi, le programme à venir sera tout aussi flou qu'au temps de René Lévesque. On fait miroiter le grand jour. Mais, dans les faits, on n'y croit plus. Sauf, pour se faire réélire.
Qu'on me prouve, noir sur blanc, que le PQ est indépendantiste... Lorsque je pose cette question, on ne me répond jamais. On attaque ma personne pour se disculper. Le jour où on aura le courage d'admettre certains faits, peut-être que le combat reprendra. En attendant, élisons des péquistes confédéralistes qui ne souhaitent pas être à la barre du futur pays, mais à la barre d'un parti qui berce le monde de tant d'illusions.