Reprendre le flambeau !
1 janvier 2009
@ Nicole Hébert
Vous dites en terminant votre généreuse synthèse réagissant à l'échange déposé au titre « Le pays inabouti » de Caroline Moreno publié dans la Tribune libre de Vigile, ( merci de l’avoir fait et merci pour votre appui et vos compliments ) :
« Contrairement à Monsieur Archambault, de qui je partage souvent la pensée par ailleurs, je crois qu’il est parfois heureux de recevoir un choc. Que quelqu’un nous présente un miroir qui nous interroge... »
Je ne crois pas avoir écrit ou laissé entendre qu'il ne faille pas « recevoir de choc » ni qu'il soit mal avisé « que quelqu'un nous présente un miroir qui nous interroge... ». S'il m'est permis de le préciser et pour peu que je n'aie pas été suffisamment limpide, ce contre quoi je me suis insurgé, c'est contre la démission, la renonciation, l'aveu de défaite, l'édit d'impossibilité, et non contre le miroir tendu, fut-il choquant. Cela n'a rien à voir avec ce que l'on peut dire, écrire, exposer ou présenter comme étant choquant, ardu ou difficile. Rien ne nous a été, ne nous est, ou ne nous sera épargné du côté de ce qui pourrait nous faire courber l'échine, plier le genou, ou ramper dans la boue. Ce pourquoi je peste contre le fait de se lover dans le creux des replis du renoncement ou du dépit.
Comme vous dites, purgé de cette huile visqueuse que tentent de nous vendre les canadianisateurs et qui attaque nos forces motrices, il ne faut me semble-t-il jamais cesser de joindre à la description des murs qu'on dresse sans cesse devant nous pour nous enfermer, celle des murs qui se sont effondrés sous la pression de la masse critique irrésistible au coeur de laquelle fusionnent le fier sentiment d'être et la pérenne dignité d'un peuple résistant. Ce peuple souverain du Québec qui nous est cher. Mais, comme vous le dites, il ne s'agit pas pour autant de se voiler la face, de souhaiter le calme et la retraite.
Il est question d'affirmer que leur victoire n'a toujours été que factice et sur papier. Les « tigres en papier » dont parlaient Mao Zedong, puis les Vietnamiens, sont bel et bien ceux qui tentent de nous faire croire que leurs papiers sont les nôtres. Les sans-papiers que nous sommes, un jour trouveront les moyens d'inventer des portées, à la clé sur mesure, inscrites sur du papier qu'ils auront eux-mêmes fabriqué à même la pâte des jours creux et falsifiés, pour y coucher toutes les musiques inventées depuis que ce peuple chante son existante et prégnante liberté de peuple sans Souverain, née distincte et souveraine dans la douleur et le sang versé le 13 septembre 1759 sur le terrain de la défaite des armées du Roi de France.
Celui-là, Louis XV, abdiquant son devoir premier de protection de son peuple contre l'envahisseur, nous a fait peuple sans majuscule Souverain, 30 ans avant la Révolution française. Ce renoncement de fait nous a donc et ainsi fait, même minuscule, peuple… souverain, sans majuscule, distinct du peuple de France. Nous fêterons en ce 2000 ans tout 9, le 250e anniversaire de cette douloureuse naissance en tant que peuple distinct du peuple de France, en tant que peuple souverain du Québec.
Le choc, le voilà !
L'amère patrie, dans tous ses États, tremblante de tous ses membres, pattes écartées, forceps éperdus dans la mêlée de cris et de larmes perdues dans la nuit des canots silencieux d'un fleuve fusil, a enfanté ce jour-là dans le sang versé sur la terre d'Abraham en Amérique française, un peuple distinct d'elle-même, un peuple enfant, orphelin de cette mère patrie morte Plaine, dans la Conquête. Un peuple d'arpents de neige rouge, au Souverain démissionnaire. Un peuple fleuve loin de la mère nourricière, vidé de ses élites, venu au monde démuni et nu. On l'a dit de petite constitution, mais il a su faire mentir l'Histoire par sa seule et digne survivance.
Ce peuple souverain et démocratique, ce peuple démocratique, donc souverain, comprendra un jour qu'à maturité venue, il lui faut se procurer tous les papiers que les tigres lui refusent. Il a cru pouvoir vivre sans papier, loin des tigres ou dans leurs pacages. Un jour, l'ordre du mineur se dissout quand il atteint sa majorité. L'adolescent insouciant se pose un jour adulte responsable de ce qui gouverne ses comportements. L'adulte se penche sur l'enfant en pleur en lui, et le rassure et l'entoure de soin rassérénant. Il lui conte la vraie histoire contre l'Histoire des autres, dans sa langue et non pas celle de l'autre, cette histoire de ce qui le fait en vie, vigoureux et vivant. Il n'abonde pas dans la peur et le ressentiment. La vie devant soi...
Bonne et souveraine année 2009
PS
De choc, en voilà un autre
La clôture des fêtes du 400e anniversaire de fondation de Québec se fait à la une du Soleil sous le drapeau du… Canada, Place… George V.
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Le Soleil - 2009 01 01 - Isabelle Houde
Salut 400e!: une foule joyeuse pour une fête chaleureuse
Le mépris n’aura qu’un temps.
Arthur Lamothe
www.thecanadianencyclopedia.com
Références :
L'amère patrie - Boubacar Seck - Éditions Baudelaire – 2008
FNAC - Xalima.com
L’Amère patrie - Lamoureux, Diane – Éditions du remue-ménage - 2001 – 181p.
L'amère patrie des anciens tirailleurs - Le Monde.fr – 2006 06 25
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PS 2 :
Oui, un jour... à force, je suppose que je saurai être plus court, moins long...