Souveraineté-association, souveraineté-partenariat et confédération
22 janvier 2009
La vraie souveraineté, d’abord celle du peuple souverain du Québec
Tout a été dit, nous voilà plongés d’un côté comme de l’autre dans un vide d’État, dans un vide de blocage, dans un statu quo qui semble éternel et forteresse éternellement inexpugnable. Les fédéralistes ne parviennent pas à emporter l’adhésion du peuple souverain du Québec, c’est pourquoi ils développent et mobilisent tant de ressources, d’énergie, pour contrer les souverainistes. Les souverainistes de leur côté ne parviennent pas à contrer les menaces de représailles et emporter l’adhésion de ce peuple à ce qu’il désire vraiment. Vivre en paix dans un État qui émane de lui, quelqu’il soit. Qu'il soit Canada re-confédéré comme vous le proposez, qu'il soit dans une État du Québec souverain, partenaires de ses voisins américains.
Ce vide d’apesanteur irréelle, celui de nos cauchemars qui nous livrent impuissants à la pesanteur paralysée de nos membres ankylosés par le sommeil et qui ne parviennent pas à nous faire marcher, courir ou librement nous mouvoir, alors que c’est tout ce que notre rêve appelle, nous cherchons l’issue.
Cet état de vide est, me semble-t-il, salutaire, alors que d'aucuns y voit un piétinement voire un recul. Une pose, plutôt, où chacun sans reculer, panse et pense ses plaies. Les batailles de ces dernières 50 années ont été féroces. D’un côté comme de l’autre nous sommes cloués à nos tranchées qui n’ont pas bougées. C’est un moment pour prendre le temps de revoir nos stratégies respectives. Et je crois que c’est bien ainsi. Ce qui expliquerait aussi notre appétit à nous enivrer de fêtes sans conséquences cette dernière année du 400e. D'aucun y voient de la désespérances, moi j'y vois qu'une pose salutaire, une permission de rêve, une trêve du repos du guerrier.
On dit que les humains peuvent avoir prise sur leurs rêves. Une pratique nous apprend qu’il suffit de comprendre qu’il s’agit bel et bien d’un rêve. Et que dans un rêve tout est possible. L’inconscient trouve les solutions. L’inconscient collectif supposé endormi serait en train de trouver la solution.
La solution réside dans le rêve. D’abord savoir qu’on rêve. D’abord se rendre compte que nous avons rêvé. Nous avons cru ce qu’on nous a dit. On croit ce qu’on nous dit, alors que nous écoutons des rêveurs. Le Canada est un rêve. Le Canada se rêve capable sans faire aucune concession d’emporter l’adhésion du peuple souverain du Québec. Nous nous rêvons que nous pourrons avancer sans le réveiller. Nous pensons pouvoir avancer en l’endormant avec des parades.
Je préconise le réveil-rêvé. Je préconise l’introduction de la conscience dans le rêve, celle qui nous fait continuer à rêver en sachant que l’on rêve. Nous avons rêvé soit, nous rêvons, soit. Soyons fidèle à nos rêves mais dans un nouvel éveil. Il nous faut recommencer par le début, dans la logique de la fin. Nous voulons fonder un État qui émane du peuple. Un État qui soit fondé nommément par le peuple démocratique et souverain. Il nous faut remettre au centre de notre action, de notre fin, de notre commencement, la réalité de la démocratique et incontournable existence et souveraineté du peuple que nous sommes. Nous sommes le peuple souverain du Québec.
NOUS, LE PEUPLE…
Voilà par quoi tout commence dans un État démocratique. Voilà par quoi tout devrait commencer. C’est ce que les souverainistes ont compris il y a longtemps. Ce pourquoi ils ont décidé d’assujettir la fondation de l’État à la démocratique approbation du peuple souverain du Québec. L’imminence de cet avènement nous a fait cependant oublier que nous vivons dans un État qui n’émane pas du peuple. Qu’importe, l’État souverain est à nos portes, suffit de le fonder. Or, cette imminence n’est plus à l’ordre du jour. Jusqu’à maintenant même les longs ajournements ne nous ont pas fait perdre ce sentiment d’imminence. Mais ce n’est plus le cas. Depuis quelques années, nous vivons une perte. L’État souverain n’est plus à portée de main. C’est la perte de l’imminence…
Voir Vigile -
- PQ, QS et PI : la crise de l’unité souverainiste
Tribune libre de Vigile 23 novembre 2008
- VIGILE-2008 11 25 Antonis LABBÉ-RÉPLIQUE À LUC ARCHAMBAULT-
- Vigile-2008 11 27 - Antonis LABBÉ- Une question d’unité
- Vigile-2008 11 27 - Antonis LABBÉ - Que le débat continue ! -
Rétrospectivement nous pourrions dire que nous avons vécu un souverainisme de l’imminence. Un « souverainisme imminentiste ». Cette perte pourrait nous permettre d’aller à la rencontre d’une réalité autre dans ce vide charnière qui nous entoure. Une réalité qui ait plus de substance que celle tablant sur une imminence qui n’est plus réelle. À croire même que nous avons rêvé à cette imminence. La réalité pourrait même nous indiquer rétrospectivement qu’elle n’a jamais existé cette imminence. La preuve, nous n’avons toujours pas d’État qui émane du peuple souverain. Si nous tablions sur cette imminence rêvée, d'autre ont tablé sur le fait que l'imminence était tout sauf avérée.
Il nous faut donc revenir à une réalité tangible qui ne soit pas soumise aux contingences, soumise à ce qui nous échappe. Revenir sur nos pas en somme, pour trouver quelque chose qui soit immanent, qui ne soit pas soumis aux contingences. Quelque chose qui soit hors la contingence et les aléas des circonstances adverses. En ne comptant plus sur l'espérance de circonstances favorables.
L'Être ou le néant
C’est « L’Être et le néant » de Jean-Paul Sartre. « L'Être ou le néant » pourrions-nous dire. Être, exister, contre le fait d'être dans le néant. C'est ce dans quoi nous sommes depuis 250 ans en septembe prochain. Nous étions partie du peuple de France. On nous a arraché à l'amère patrie... qui nous a abondonné à nos « quelques arpents de neige » à jamais souillé du sang de notre naissance en tant que peuple distinct de la France et de tout autre peuple. Nous voilà depuis dans le néant de l'État, jamais reconnu par lui et lui, jamais reconnu par nous.
L’être, l’existence qui précède toute contingence et qui lui survit quelqu’elles soient. C’est le principe de l’existence du peuple qui précède celle de l’État quelqu’il soit. Qui précède l’État valide et démocratique. Les États passent, les peuples restent.
Ce peuple existe. Mais il n’existe pas dans l’État. Et aucun État n’est validé par ce peuple. Aucun État n’existe par et pour le peuple souverain du Québec. Aucun n’est valide. Mais cela ne s’incarne pas dans l’État, puisqu’aucun État n’a appelé le peuple à se prononcer à cet égard sauf celui qui par deux fois a été rejeté, nous livrant au néant de l'histoire des États. Nous vivons dans un vide d’État. L’État qui nous gouverne survit dans ce vide, aussi vide que le vide qui nous environne.
La solution réside dans l’incarnation de cette existence dans l’État, sans pour autant fonder un État. Le Canada ne peut être cet État, il ne peut être validé par le peuple souverain du Québec, cet État-là est rejeté en l'état, et il ne veut pas changer d'état. L’État souverain du Québec ne peut parvenir à emporter l’adhésion du peuple, le Canada s’évertue à contrer ce mouvement. Par contre, si nous ne parvenons pas à nous entendre sur l’État que l’on désire, nous pouvons nous entendre sur l’État qu’on refuse.
Nous ne pouvons nous entendre sur un projet à soumettre au Canada. Vous ne parvenez pas à obtenir l’adhésion des souverainistes sur un projet de Confédération. Peut-être cependant pourrions-nous commencer par nous entendre sur ce que nous ne voulons pas. Nous ne voulons pas l’État du Canada actuel. Une large majorité peut être obtenue de ce côté.
Invalider l'État actuel du Canada
Les souverainistes pourraient décider d’appeler le peuple souverain du Québec à se prononcer sur la réalité de l’État qui s’impose à nous. Appeler le peuple souverain du Québec à invalider l’État du Canada actuel. À invalider la Constitution actuelle du Canada. Cela, accompagné d’une exigence qui rétablirait la réciprocité. Tous les États quelqu’ils soient, présents ou futurs, doivent pour être considérés valides et légitimes, désormais être soumis nommément à la démocratique approbation du peuple souverain du Québec.
Un tel appel aux voix du peuple souverain du Québec permettrait de faire voler en éclat le statu quo sans pour autant engager ce qui est engagé par la création de l’État souverain. Il s’agit d’un appel aux voix qui est ouvert. L’État du Canada sommé de se soumettre aux voix du peuple démocratique et souverain du Québec pourra proposer à son approbation une Constitution qui lui agrée. Les souverainistes pourront faire de même.
Ce Canada-là pourrait éventuellement ressembler à celui que décrit votre projet de Re-Confédération du Canada. À une nuance près. Le maître du jeu, ce ne sont plus les négociateurs, les fabricants de Constitutions, qui imposent l’État qu’ils désirent, mais bien, le peuple démocratique et souverain. Ce n’est plus une question de négociation et de rapport de force à pomper et manigancer selon des circonstances contingentes des aléas politiques. Il s’agit non plus de prendre sur notre dos et à notre charge le fait de soumettre une Constitution qui soit agréable au Canada, mais l'exact contraire de cette démarche qui nous fait quémander ne serait-ce que l'attention du Canada. Tout le contraire, c'est d'obliger le Canada à concevoir et nous soumettre une Constitution qui soit capable de un de reconnaitre l’existence et la souveraineté du peuple souverain du Québec, et de deux qui lui accorde les pouvoirs et la marge de manœuvre qu’il désire pour vivre « libre de choisir son destin ». L'État actuel nous le rejetons, à lui de trouver ce que nous pourrions ne pas rejeter. À lui s'amender. Lui qui refuse de bouger. Qu'il bouge... C'est nous le peuple, nous le peuple souverain, nous le peuple démocratique et souverain. L'État est soumis à notre volonté. En démocratie, c'est ça. C'est le peuple qui décide.
Ainsi, le peuple souverain du Québec et son destin se trouve libéré des contingences qui jusqu’à maintenant l’ont empêché d’exprimer sa libre volonté. Celle qui consiste à vouloir vivre dans un État qui émane de lui et qui le reconnaisse comme existant et souverain, « libre de choisir son destin ».
Cet appel aux voix du peuple rétablit la réciprocité des États. Tous doivent se nommément et clairement soumettre à la volonté du peuple démocratique et souverain pour disposer aux yeux du monde d’un État démocratique crédible et reconnu. Pas seulement l'État souverain du Québec... finit l'asymétrie.
Cet appel aux voix du peuple permet aussi d’incarner dans la lettre de la Loi de l’État, son existence et sa souveraineté démocratique. Certes, un tel appel aux voix du peuple démocratique et souverain ne fonde aucun État valide, certes, cette incarnation dans l’État se fait à travers un État invalide, mais cet appel aux voix du peuple permet qu’il existe en tant que tel dans une Institution de l’État, à savoir, la consultation référendaire démocratiquement tenue sous les auspices de l’Assemblée nationale. Une consultation éventuellement soumise à la surveillance d'instances internationales invitées à le faire, officiellement ou officieusement pour nous préserver du pouvoir de l'État du Canada qui refuse de se soumettre aux lois du Québec et à ses virgules...
Cela, parce que le libellé de l’appel aux voix inscrirait dans la lettre de la Loi, dans la lettre de la question posée, la réalité de l’existence et de la souveraineté du peuple du Québec. Ce qui fonde dans l'État, le peuple souverain et fonde son droit à exiger que l'État se fonde sur lui. Ce qui non seulement brise le statu quo mais opère un renversement paradigmatique de ce qui fonde jusqu’à ce jour l’État du Canada, à savoir, la monarchie de droit divin, qui par là s’exempte de consulter nommément le peuple sur ce qui le fonde, puisqu’il se fonde sur la lignée de sa Souveraine. « L’État c’est moi » aurait dit Louis XIV. Et il avait tout à fait raison même s'il ne l'a pas dit, Cette assertion serait une légende. Or, ce que cet appel au peuple dirait, exprimerait, c’est qu’en cet État du Canada, l’État ce n’est plus l’État et sa Souveraine, mais bien
NOUS, LE PEUPLE… NOUS, LE PEUPLE SOUVERAIN DU QUÉBEC
J’ai mis du temps à me convaincre du bien-fondé de cette approche inédite. Elle me semble pourtant bien correspondre à mes rêves. En déportant celui qui m’a porté vers l’État souverain vers un centre différent qui se trouve dans la réalité de l’existence du peuple démocratique et souverain, je me trouve à être au centre même de mon rêve. Si je risque de perdre l’État souverain dans la foulée, parce qu’un improbable État du Canada se métamorphoserait en État capable de se soumettre à la volonté libre du peuple souverain du Québec, lui accordant reconnaissance et pouvoirs, je me trouve encore au centre de mon rêve souverain.
Je risque aussi cependant, de trouver là le fondement de ce qui anime profondément ce peuple, à savoir, vivre en peuple démocratique et souverain. Dans la foulée, qui dit qu’il n’y trouvera pas au contraire, le courage de fonder le vrai État qu’il désire, un État souverain, ouvert non plus seulement sur un Canada validé par un improbable retournement de l’histoire, mais ouvert directement sur le monde entier, celui qui ne manque pas de nous accueillir les bras ouverts partout où nos artistes et athlètes performent, partout où la production de nos travailleurs s’exporte, partout où nos connaissances et nos savoirs se déploient.
Je suis prêt à prendre le risque de la confiance. Je fais confiance au libre-arbitre de l’Être libre. Je suis prêt à faire confiance à ce peuple souverain du Québec qui a réussi contre toute attente, contre sa mort annoncées et programmée tant de fois, à survivre 200 ans dans la misère de l’humiliation de la Conquête, dans le désespoir du ratatinement, du mépris qui n’aura qu’un temps, et qui depuis 50 ans le 13 septembre de cette année 2009, est parvenu à se hisser au plus haut niveau des peuples cultivés et développés échappant au quart monde qui a été trop longtemps son triste lot.
Nous fêterons cette année 2009 le 250e anniversaire de naissance de ce peuple souverain distinct du peuple de France. Ce pourrait être l’occasion d’imposer un souverainiste de l’immanence, celui qui se fonde au-dessus des contingences.
1759-2009 – 250e anniversaire de naissance du peuple souverain du Québec.
Avant, nous étions partie du peuple de France. La Conquête se trouve ainsi le creuset sanglant de notre douloureuse naissance livré aux mains d’un tuteur ayant vaincu les armées désarmées par le Souverain de notre amère patrie. Nous sommes né le 13 septembre 1759 en tant que peuple sans Souverain, peuple de Nouvelle-France, peuple souverain du Québec devenu.
Voir aussi
Réplique à Michel David - « Joyeux anniversaire ! »
250 ans de refus
Nous fêterons 250 ans de lutte contre l’assimilation, 250 ans de refus, 250 ans de souveraine existence -
Tribune libre de Vigile - 8 janvier 2009
1759-2009
En faveur de la reconstitution de la bataille des Plaines d’Abraham -
Gilles BOUSQUET Tribune libre de Vigile - 16 janvier 2009