La bataille des Plaines d'Abraham et l'exactitude historique
16 février 2009
"Les Canadiens reprenaient courage. Et ils n’étaient pas seuls à espérer encore. À peine les Anglais signalés à l’entrée du Saint-Laurent, M. de Vaudreuil, aux commandants des postes du nord et de l’ouest avait expédié l’ordre de faire descendre au plus vite tous les guerriers des nations qu’ils pourraient décider à partir. L’appel avait été entendu. Effort suprême du monde sauvage. Pour la dernière fois, la Confédération des Pays d’en Haut, remua à la voix de la France !… Le 29 juin, il était 7 heures du soir, une rumeur courut dans la ville de Québec : les Outaouas arrivent… Et chacun de se hâter pour les voir défiler. Ils étaient 230 sauvages outaouas qui s’avançaient en bon ordre. À leur tête les conduisant, habillé comme eux, on se montrait leur interprète, M. Langlade, jeune homme de qualité — il avait 30 ans — et enseigne des troupes de la marine, mais élevé parmi les sauvages, à demi sauvage lui-même, fils d’une squaw outaoua. (…) Les Outaouas — presque tous les hommes valides de leurs diverses tribus — avaient suivi Langlade, ils avaient marché, canoté, ils avaient forcé les étapes.
Rendus à Montréal, les Outaouas avaient été saluer M. de Rigaud, frère de M. de Vaudreuil. Ils lui avaient dit : « Mon père, nous avons entendu la parole de notre Père Ononthio [le gouverneur général]. Tout éloignés que nous sommes, elle est parvenue sous terre [secrètement] jusqu’à nous. Nous voilà arrivés pour faire sa volonté. Disposez de nous. » Et Rigaud à Vaudreuil les avait envoyés.
Aux Outaouas avaient succédé d’autres sauvages. Sur leurs traces, les uns après les autres, étaient venus des Miamis, des Poutéouatamis — des sauvages les seuls qui n’eussent jamais trempé leurs mains dans le sang d’un Français — des Sauteux, des Têtes de Boule, des Folles Avoine et jusqu’à des Cris des lacs de la Pluie et des Bois. Par les chemins de Montréal à Québec, par le Saint-Laurent, avaient passé toutes les nations des Lacs et même les nations qui habitaient au delà des Lacs. En bref, à l’heure où se jouait la partie suprême, un millier de guerriers peaux-rouges se trouvèrent avoir rejoint les rangs des Français. » (Pages 282-283)
Tité de: "Histoire du Canada français (1534-1763)", par Claude de Bonnault. (P.U.F.)- Colonies et Empires – Collection internationale de documentation coloniale. Paris, 1950, 348 p.