Les normes en histoire (Chronique supplémentaire no 23)
5 mai 2009
6 mai 2009
La réponse à la demande de John M. se trouve à la fois dans l’Histoire du Québec. Vision d’un prophète.(*) Montréal, Guérin, 1995, p. 118 et dans son Histoire de deux nationalismes au Canada, Montréal, Guérin, 1997 aux endroits cités ci-dessous.
Leçon 7
21. Lutte de nation contre nation
Par sa position stratégique, le Bas-Canada et sa Chambre d'assemblée dominée par une majorité de Canadiens-Français se trouvent en mesure d'imposer une espèce de « veto », d'abord à la colonisation britannique dans le Lower Canada et indirectement, ensuite, sur le développement britannique du Upper Canada. La division de la vallée du Saint-Laurent en deux colonies distinctes, division dénoncée avant qu'elle ne se fasse en 1791 et continuellement dénoncée depuis 1791, se révèle de plus en plus absurde au point de vue des intérêts généraux britanniques. On sent le besoin d'une législation unique pour la vallée laurentienne. Si les Britanniques, qui s'appuient sur une métropole et qui sont en mesure d'exploiter cette région, veulent peupler et équiper la vallée du Saint-Laurent, il leur faut déjouer, contourner ou neutraliser la majorité canadienne-française. Engagée dans une lutte «nation contre nation», cette majorité canadienne-française montre naturellement peu d'empressement à encourager l'immigration britannique ou à consentir des déboursés pour entreprendre des travaux qui, en fin de compte, favoriseraient l'enracinement des forces anglaises.
Leçon 10
13. Politique de Gosford tournée en ridicule
Tout en continuant son plaidoyer pro-britannique, Adam Thom en vient à ridiculiser la politique de Gosford qui consiste à promettre n’importe quoi à chacune des deux nationalités du Lower Canada. D’après lui, l’Angleterre doit se décider une fois pour toute dans le sens des intérêts anglais. Une seule méthode de gouvernement s’impose : l’assimilation et non la conciliation. « L’histoire du Canada, dit-il, s’écrira à l’avenir en anglais. »
Dans l’hypothèse où Gosford ferait des concessions partielles aux Canadiens-Français, il peut être, pense Thom, assuré ainsi de voir immédiatement surgir de nouvelles demandes qui mèneraient à la suppression du veto de l’exécutif, ce qui irait même jusqu’à mettre en danger le poste de gouverneur général. (Thom fait ici allusion aux Quatre-vingt-douze résolutions.)
Ainsi, Thom avertit Gosford que, virtuellement, sa politique de conciliation équivaudrait pour la Grande-Bretagne à ne plus avoir aucun représentant dans le gouvernement exécutif de cette colonie, à rendre le Bas-Canada pratiquement indépendant et à faire des habitants français de cette colonie anglaise « la Grande Nation Canadienne » qu’ils veulent être.
Leçon 13 :
II.─ JUGEMENTS SUR L'UNION DE 1840
3. Portée politique, économique et culturelle de l'Union
1° Une infériorité politique
L'Union de 1840 confirme dans une infériorité politique d'abord, économique ensuite, le résidu minoritaire d'une colonisation française manquée. Le Canada-Anglais ne pouvait s'édifier, se développer, sans ruiner, sans provincialiser le Canada-Français. 1840, c'est le veto du British Montreal et derrière ce veto, le veto de tout le British North America à l'indépendance du Québec.
(SUITE AU PROCHAIN COMMENTAIRE)