La décennie des massacres
3 janvier 2010
Je me suis souvent demandé, devant la propagande invitant les canadiens à soutenir l’armée, si nous ne renversions pas les rôles. Est-ce l’armée qui doit soutenir et protéger les canadiens ou les canadiens qui doivent soutenir et protéger l’armée? J’ai toujours pensé qu’une armée ne trouvait sa raison d’être que dans la défense des canadiens dont l’indépendance et la sécurité sont menacées. Elle entre en action qu’après avoir épuisé toutes les autres voies pour résoudre les conflits potentiels.
Dans le cas de l’Afghanistan, je ne vois pas en quoi la présence de notre armée sur les champs de bataille ajoute à notre indépendance et à notre sécurité. Notre armée participe à une agression, à une conquête d’un espace dont l’utilisation ne répond à aucun des deux critères (indépendance et sécurité) plus haut mentionnés. J’avais déjà suggéré que le peuple canadien soit consulté par référendum chaque fois qu’il s’agit d’une guerre offensive attaquant la sécurité et l'indépendance d’une ou d’autres nations. Présentement, ne sommes-nous pas en droit de nous demander si la présence de notre armée en Afghanistan sert vraiment les intérêts du peuple canadien ou certains intérêts privés qui y trouvent pleinement leur compte.
Je partage pleinement les sentiments de M. Charbonneau à l’effet que ce ne sont ni les armes utilisées, ni la couleur de la peau ni l’ethnie qui rendent les tueries plus humaines ou moins humaines. Dans tous les cas ce sont des hommes, des femmes, des enfants, des familles qui portent les douleurs et la souffrance de tels drames. Ils sont d’autant plus frustrants s’ils viennent de l’étranger. Si pour la mort d’un américain, envahisseur armé en Afghane on n’hésite pas à faire prisonnier à Guantanamo un jeune canadien de 16 ans, toujours sans jugement, et de le confiner pendant des années à des conditions de détention que la Charte des droits de la personne ne saurait tolérer, pourquoi alors la vie de toutes les victimes de ces armées étrangères ne seraient-elle pas toute aussi importante? Y aurait-il une vie humaine plus importante qu’une autre vie humaine? À lire nos journaux et à écouter nos bulletins de nouvelles, c’est comme si les talibans, les palestiniens, les terroristes, les socialistes, les communistes, les Chavez et Morales, n’étaient pas des humains. On peut les tuer, les faire disparaître, ce ne sera qu’une médaille de plus au cou de ceux qui en auront été les exécutants. On ne s’arrêtera pas à des considérations secondaires comme ceux liés au respect du Droit international, à celui de la vie et des conventions de Genève. L’idéologie et les intérêts font que certains seront humains et d’autres inhumains.Ceux qui en décideront seront les plus forts et surtout les plus « civilisés ».