Le scandale Michaud

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Bouchard entièrement responsable de l'Affaire Michaud

Une pétition est présentement en ligne sur le site de l’Assemblée nationale afin que le dossier d’Yves Michaud, relatif à l’« Affaire » qui porte son nom, soit étudié en commission parlementaire. Il s’agit d’une énième tentative pour corriger ce qui doit l’être. Souvenons-nous que, le 14 décembre 2000, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité la motion de blâme suivante :


« Que l'Assemblée nationale dénonce sans nuance, de façon claire et unanime, les propos inacceptables à l'égard des communautés ethniques et, en particulier, à l'égard de la communauté juive tenus par Yves Michaud à l'occasion des audiences des états généraux sur le français à Montréal le 13 décembre 2000. »


Très jeunes, on nous apprend à l’école qu’il existe une séparation des pouvoirs en démocratie et que le parlement n’est pas un tribunal. Les députés l’ont volontairement oublié cette fois, stigmatisant un citoyen. Bien des choses ont été dites sur ce scandale largement connu, mais on rappellera que Michaud n’a pas pu être entendu par ceux qui le condamnaient. Pire encore, les « propos inacceptables » n’ont jamais été lus dans l’enceinte où le vote avait lieu. Après vérification, ces propos n'existent tout simplement pas, Michaud s'étant plutôt livré à un éloge du « peuple juif ». Les députés, comme des moutons, ont suivi la ligne imposée.


Le premier ministre, Lucien Bouchard, ne voulait pas voir Yves Michaud au Salon bleu. Michaud avait en effet fait part de son intention de se porter candidat à l’investiture du Parti québécois de la circonscription de Mercier, en vue de l’élection partielle qui devait suivre.


Or, l’administration Bouchard a été marquée par l’inaction face à la situation du français de par la sacro-sainte « paix linguistique ». Le premier-ministre avait annoncé qu’il n’y aurait aucun bouleversement majeur à ce chapitre lors de son fameux « discours du Centaur » devant les milieux anglophones, pour le confirmer ensuite au Congrès du PQ de 1996 : il aurait bien du mal à se regarder dans le miroir s’il devait suivre les directives de son aile la plus déterminée. Or, Yves Michaud s’était engagé à faire de la langue l’un de ses principaux combats, quitte à froisser le parti duquel il était membre.


Bouchard aurait-il eu un minimum d’élégance qu’il aurait téléphoné à Michaud pour lui demander de se retirer, quitte à lui dire qu’il refuse, comme chef péquiste, de signer son bulletin de candidature. Bouchard a préféré commettre l’irréparable. Au-delà de l’exécution politique, c’est toute une aile du mouvement indépendantiste que le premier ministre a voulu éliminer. Un retrait discret du principal concerné n’aurait pas eu le même effet. Lucien Bouchard voulait sans doute montrer qu’il prenait les grands moyens. Incapable de répondre à Ottawa qui était en pleine contre-offensive –réduction des transferts aux provinces, programme des commandites, Loi sur la clarté référendaire, déstabilisation diplomatique- suite à un référendum ayant donné des sueurs froides aux hauts-dirigeants canadiens, la clique a préféré s’en prendre aux siens que de répondre aux puissants.


« Oui, mais cela fait 17 ans, il faut passer à autre chose...» Non ! L’Affaire Michaud, summum de la petitesse, est une première dans l’histoire du parlementarisme mondial. Ce n’est pas rien. Et ce n’est pas parce qu’un problème tarde à se régler qu’il est pour autant inexistant. C'est un peu comme la question nationale...


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Simon-Pierre Savard-Tremblay179 articles

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).