Loi sur les langues officielles fédérale

Le bilinguisme institutionnel, une utopie?

Tribune libre

En 1969, la première Loi sur les langues officielles fédérale est adoptée et les langues française et anglaise y sont déclarées comme étant les deux langues officielles du Canada. De ce fait, le Canada est donc considéré légalement comme un pays bilingue.

Or nonobstant l’adoption de la Loi sur llangue officielle et commune du Québec, le français, adoptée le 1er juin 2022, de nos jours, les francophones constituent environ 23% de la population canadienne. Conséquemment, le bilinguisme canadien constitue-t-il une utopie? En termes clairs, est-il pertinent de croire que le français au Québec, noyé dans une mer anglophone, réussira à maintenir son statut de langue officielle dans un Canada bilingue?

Dans ce contexte, qu’en est-il du Québec? Pour bien illustrer l’assimilation du français au profit de l’anglais, selon Statistique Canada, le français comme langue maternelle à Montréal est passé de 66.5% en 2001, à 63.3% en 2011 puis à 59.9% en 2021, soit un recul de 6.6% en 20 ans. Aujourd’hui, même à Québec, il est difficile d’être accueilli en français, voire même de se faire servir en français dans un restaurant. Sur un autre plan, malgré les efforts timides du gouvernement pour accorder une visibilité accrue du français sur les enseignes des commerces, le phénomène persiste sans coup férir.

Or l’histoire nous prouve qu’un pays bilingue arrive inévitablement à adopter la langue dominante et à reléguer la langue seconde à une infime portion de population qui assiste contre vents et marées à l’assimilation de sa langue. De surcroît, les Québécois sont réputés pour être de «bonnes gens» qui cherchent continuellement à éviter les tensions et à jeter les gants devant leurs opposants.

En terminant, je cède la parole à Stephen Harper, un ex-premier ministre canadien bilingue, qui déclarait un jour… en anglais que “The Canada is not a bilingual country. In fact it is less bilingual today than it has ever been”. Plutôt révélateur, non?


Henri Marineau, Québec


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Henri Marineau2074 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com




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1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    17 août 2024

    Bonjour M. Marineau,


    Le débat sur le bilinguisme du Canada sera un éternel combat pour les francophones du pays. Quant aux anglophones, leur position supérieure en nombre leur commandera éternellement le respect des plus faibles en nombre. Sans ce constat et ce respect mutuel, les protagonismes vivront sous tensions inutiles et dangereuses.


    Il faut s'en conscientiser sinon, comme dans d'autres pays, c'est la guerre (la vraie) qui risque de devenir la réponse à ce débat et ce combat. Il faut se placer au-dessus de la bêtise.


    Restons calmes et sereins face à cette adversité langagière et des langues "officielles" du Canada. L'important demeure de s'entendre, de s'écouter et donc, de se respecter dans nos langues respectives. 


    Il y a un prix à ça; essayons qu'il soit le moins dispendieux possible.


    François Champoux, Trois-Rivières