Système de santé

Déshabiller Pierre pour habiller Paul

«Votre gouvernement», vraiment?

Tribune libre

Dans la foulée de l’intention du ministre de la Santé, Christian Dubé, les Québécois perdront leur médecin de famille au profit d’un patient vulnérable privé d’un omnipraticien dans l’hypothèse où vous ne montrez aucun symptôme de maladie sévère. En effet, dans les officines du Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on envisagerait de «transférer jusqu’à 1,5 million de rendez-vous annuels de patients qui ont un médecin de famille à ceux qui n’en ont pas».

Imaginons le scénario suivant: lors de son rendez-vous annuel avec son médecin de famille, un patient «en santé» apprend, à la suite d’une radiographie pulmonaire, qu’il est atteint d’un cancer des poumons. Ou un autre qui, après sa rencontre avec son médecin de famille, découvre qu’il souffre d’un cancer de la prostate. Des patients qui, avant leur rendez-vous annuel avec leur médecin, ne ressentaient aucun symptôme de leur maladie, et qui auraient perdu leur médecin de famille dans le scénario envisagé par le MSSS.

Au Québec, on le sait, le système de santé est malade. Or les omnipraticiens incarnent la première ligne vers laquelle peuvent se diriger les patients, y compris ceux qui désirent un examen de contrôle complet par mesure de prévention et de prudence. Conséquemment, l’intention de Christian Dubé déroge outrageusement du principe d’équité eu égard à la santé de tous les Québécois(es). En bref, déshabiller Pierre pour habiller Paul ne fait que déplacer le problème au détriment d’une saine gestion de la justice élémentaire.

«Votre gouvernement», vraiment?

À l’occasion de tous les points de presse des ministres du gouvernement Legault, apparaît en arrière-plan, en grosses lettres, le slogan «Votre gouvernement». Dans les faits, que je me suis dit, est-ce vraiment le cas? En réalité, nonobstant les deux années de la pandémie de COVID 19 pendant lesquelles François Legault a su faire preuve d’humanité, les dossiers auxquels a été confronté le cabinet ont tous été et sont encore des sujets d’inquiétude pour les Québécois(es). J’en retiendrai trois.

Primo, notre système de santé craque de partout malgré les superstructures mises de l’avant par le ministre Christian Dubé. Encore aujourd’hui, le nombre de Québécois sans médecin de famille atteint des proportions astronomiques. Le temps d’attente dans les urgences se situent souvent autour d’une douzaine d’heures. Les régions peinent à se dénicher des médecins et des infirmières et, le cas échéant, ils retournent dans les grands centres urbains aux prises avec des tâches inhumaines.

Secundo, la saga du troisième lien Québec-Lévis, en gestation depuis six ans et toujours à la case départ malgré que cette superstructure incarnait une promesse-phare de la CAQ lors de la campagne électorale de 2018. Comme toute prospective d’avenir, la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, lance un appel d’«intérêt international». Enfin bref, les Québécois se voient projetés à la case départ.

Et tertio, le laxisme éhonté avec lequel le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, tergiverse sur la concentration d’arsenic dans l’air de la population de Rouyn-Noranda qui a été exposée à 165 ng/m3, en moyenne, selon l’INSPQ alors que la norme québécoise est de 3 ng/m³. En guise de consolation, le gouvernement demande à la fonderie Horne de réduire la concentration moyenne d’arsenic dans l’air à 15 ng/m³ d’ici à 2027.

D’autres dossiers, tels les milliards de dollars investis dans l’usine Northvolt, demeurent fragiles. Or dans les faits, ce gouvernement incarne-t-il vraiment «notre» gouvernement ou celui de politiciens imbus d’un électoralisme systémique?


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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