Déclaration de Jean Charest

Des interprétations différentes

Nous avons les moyens de faire l'indépendance


Benoît Pelletier

La déclaration du premier ministre du Québec, Jean Charest, selon laquelle le Québec a les moyens d'être indépendant, même si, selon lui, ce n'est pas dans son intérêt, continue de susciter des réactions.
À Québec, le ministre des Affaires intergouvernementales, Benoît Pelletier, s'est étonné de la surprise provoquée par la déclaration. Selon lui, il aurait été indéfendable d'affirmer que le Québec n'a pas les moyens de sa souveraineté. « Il y aurait eu là-dedans quelque chose d'assez humiliant pour la société québécoise dans son ensemble », a-t-il dit.
Louise Harel

Pour sa part, la chef de l'opposition intérimaire, Louise Harel, a continué de marteler le message du chef du Parti québécois, André Boisclair, qui a vu dans la déclaration de M. Charest une victoire pour les souverainistes. « Est-ce que les nationalistes hésitants ne vont pas trouver là matière à se réconforter et à se dire enfin "oui!, c'est le temps"? », a-t-elle lancé.
Un refrain repris à Ottawa par le whip en chef du Bloc québécois, Michel Guimond. « L'approche de la peur, la crainte économique qui est souvent utilisée par les fédéralistes dans le cadre d'une campagne référendaire, maintenant, ça ne prendra plus », a-t-il affirmé.
Stéphane Dion (archives)

Pour sa part, le député et candidat à la direction du Parti libéral du Canada, Stéphane Dion, a estimé que la question des moyens était déjà réglée. « Bien sûr, qu'on est capable d'être indépendant, qui doit en douter? Quand on voit la pauvreté de la grande majorité des États indépendants, on met la barre très basse quand on se demande si on est capable d'être un État indépendant », a jugé M. Dion.
Le père de la loi sur la clarté référendaire, qui fixe les règles d'une éventuelle consultation populaire sur la souveraineté au Québec, a ajouté que la question devrait plutôt porter sur les avantages de l'indépendance. En cette matière, selon lui, un Québec souverain ne pourrait maintenir sa qualité de vie et garder le potentiel dont il jouit à l'intérieur de la fédération canadienne.
Charest défie le PQ
Jean Charest a fait sa déclaration sur les ondes de TV5.

De passage à Linz, en Autriche, pour la Conférence des régions-partenaires, le premier ministre Charest a de nouveau accusé André Boisclair d'être désespéré et d'avoir déformé ses propos. Il a répété que selon lui, bien que le Québec ait les moyens d'être souverain, il ne ferait qu'encaisser des pertes économiques et sociales en déclarant son indépendance.
En outre, a dit M. Charest, le Québec serait exclu de l'Accord de libre-échange nord-américain et ne bénéficierait plus des transferts fédéraux. Les Québécois verraient leur niveau de vie décroître, a-t-il ajouté. « Maintenant, si le Parti québécois pense que c'est le contraire, qu'il en fasse la démonstration, ce qu'il n'a jamais été capable de faire », a conclu Jean Charest.
La conférence de Linz est une occasion pour le premier ministre Charest de marquer son intérêt pour les relations économiques du Québec avec l'Autriche. M. Charest a notamment visité, lundi, une usine de Bombardier à Gunskirchen, en banlieue de Linz, en compagnie du ministre-président de la Haute-Autriche, Josef Pühringer.
Des propos qui font jaser
En tournée européenne, Jean Charest a participé vendredi à l'enregistrement d'une émission d'une heure sur la province québécoise.
Lorsque l'animateur lui a demandé si le Québec avait les moyens de réaliser l'indépendance, Jean Charest n'a pas hésité. « Oui, nous avons les moyens. Personne ne remet en question la capacité du Québec financièrement [...] sauf que la vraie question est la suivante: qu'est-ce qui est dans notre intérêt, à nous? »
André Boisclair en entrevue à Radio-Canada

André Boisclair n'a pas tardé à réagir à cette déclaration. Il a comparé son importance à celle du discours prononcé en 1990, après l'échec de l'accord constitutionnel du lac Meech, par le premier ministre de l'époque, Robert Bourassa.
M. Bourassa avait alors dit que le Québec était « une société distincte, libre et capable d'assumer son destin et son développement. »


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